Hollywood, bureau des bouses de l’été.
Le téléphone sonne.
-Oui ?
- J’ai un pitch.
- Je t’écoute.
- Des robots géants fracassent des monstres géants.
- Continue.
- Avec des paquebots dans la gueule.
- En 3D ?
- Evidemment.
- J’achète.
- Y’a mieux.
- Oui ?
- On veut un auteur.
- Genre ?
- Un mec qui fasse un peu bander Télérama, tu vois, qui donne la crédible touch, histoire qu’on drague un peu l’auditoire qui généralement laisse ce genre de produit aux décérébrés du popcorn bucket.
- Nolan est pris, Spielberg aussi.
- Il reste Del Toro.
-Ah oui, pas mal. Genre Freud, baroque, tout ça. Ok, on vous le place.
-C’est parti.
-Bon, déconnez pas non plus, on respecte la charte de la bouse de l’été, hein ?
- Pas de soucis. 3D, images de synthèse à tous les étages, patriotisme de mes couilles, scenario confetti. Les intellos y verront du second degré.
- Genre ?
- Ben ce que j’ai dit : Des robots géants fracassent des monstres géants.
- Vous expliquez ça comment ?
- Ah non, c’est l’été, hein. On torche ça en cinq minutes dans l’intro. Après, un truc à la con, histoire d’amour, trauma infantile, le mec sur le retour qui veut plus entendre parler de robot, le sacrifice du général irradié, tout ça. Et des immeubles qui se cassent.
- du comique ?
- ah, tu fais bien d’en parler, on a rempli la case : les scientifiques sont drôles : un est déjanté, l’autre totalement coinsos. Il sait même pas dire des gros mots, genre. Et à la fin il apprend. Un peu.
-la résolution ?
- terrible, on s’est inspiré d'Independance Day. En gros, on sait comment aller chez les méchants pour les dézinguer. Une histoire de code barre.
- et la Del Toro touch ?
-Ron Perlman fera de la figuration pendant un quart d’heure, avec des costumes genre baroque.
-bon, emballé pesé, coco. Ah, j’oubliais : il faut une bombe atomique et un compte à rebours.
-Tu me prends pour qui ? C’est dans le pack.
-Putain, on va cartonner.
Il raccroche.
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