Un Molière pour Oscar

La pièce de théâtre éponyme dont est adapté le film, et qui fut un des grands succès de de Funès sur scène, est une évidente variation moderne de l’œuvre de Molière. On y retrouve un père acariâtre, obnubilé par son argent et confronté à des histoires de mariages qui donnent lieu à des quiproquos en pagaille. En bref, de très nombreux éléments qui font à la fois l’univers de Molière et de de Funès, lesquels partagent de multiples points communs. Connaissant le rôle sur le bout des doigts, Louis de Funès s’en donne ici à cœur joie autour de seconds rôles qui font leur entrée dans son cercle (c’est, par exemple, la première fois que Claude Gensac incarne son épouse). S’il ne joue pas ici le registre du pleutre (la seule faiblesse peut-être de l’ensemble est l’absence d’un personnage dominant), il montre toute la palette de son talent.


Filmé et joué à cent à l’heure, Oscar enchaîne à une vitesse folle les rebondissements comme dans toute pièce de ce type qui se respecte. Comique de situation, comique de caractère, comique de geste, comique de mots, comique de répétition forment les ingrédients traditionnels et incontournables d’un spectacle ici parfaitement maîtrisé. Le respect des unités de lieu, de temps et d’action finit par achever le côté chirurgical de l’ensemble. Bien entendu, tous ces éléments en font plus une pièce de théâtre qu’un film mais Édouard Molinaro s’en sort plutôt bien avec une réalisation dynamique qui joue sur les changements de pièces d’une grande maison moderne et qui sert au mieux sa vedette principale.


Avec son scénario bien mené, son rythme échevelé mais pas fatigant, et un de Funès désopilant, on trouve là assurément un de ses meilleurs films. Certes les péripéties, les personnages et la résolution de l’ensemble ont une dimension très théâtrale qui peut déranger pour un film mais c’est joué avec tellement de talent et mené avec un tel savoir-faire qu’il est difficile de bouder son plaisir. Et les scènes d’anthologie sont tellement nombreuses qu’il est impossible de ne pas considérer ce film comme un moment important dans l’histoire de la comédie française au cinéma.

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le 26 sept. 2021

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PIAS

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