Après la bérézina de la comédie Sa Majesté Minor, Jean-Jacques Annaud est revenu vers ses valeurs sûres. Tourné en Tunisie et au Qatar, Or noir donne dans l'épique aventurier un peu old school, orientation déjà convoitée par Annaud (Deux frères ; plus tard, Le dernier loup). Les moyens sont massifs, mais les paysages resteront les plus éloquents. Comme convenu, Or noir ressemble à du Lean light dont les ambitions consistent à en mettre plein la vue et prendre des airs grandioses. Malheureusement, les sentiments semblent occuper une place secondaire tant leur façon d'occuper l'avant-scène est indistincte. La volonté de faire pharaonique est évidente mais le résultat est loin d'en imposer.
Si le contexte est engageant et le postulat de base charmant, la séance vire rapidement à l'empilage sans caractère ni sensualité. Sur le plan politique, Or noir survole les implications sans évoquer les suites ou prendre parti expressément. Le regard porté sonne progressiste scolaire amené à relativiser ses propres enthousiasmes, ou plutôt la pureté de ses origines. Dans tous les cas, la tempérance l'emporte, quoique les différences avec l'apathie honnêtement documentée soient peu évidentes. C'est que le faste et le glamour doivent pouvoir s'étendre ; pourtant leur épanouissement est si peu flamboyant, le peu de place accordé aux femmes y est pour une bonne part, l'écriture pour le reste.
L'ensemble est très mou, les dialogues abusivement convenus et le personnage principal assez navrant. Tout le long ce jeune prince (Tahar Rahim, le 'phénomène' d'Pompéi etc).
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