L'échec de la Libération sexuelle
Elle s'appelle Joe. Elle aime baiser . Et elle a honte. Tellement honte que , quand elle trouve l'amour, elle ne jouit plus. Faisant démentir le propos de son ex - amie : "the secret of sex is love" .
La révolution sexuelle , le libération sexuelle était censée nous libérer de cette honte, héritée des interdits religieux. La honte de la (bonne) chair. Rappelez-vous Nietzsche : "Le christianisme a donné du poison à Eros, il n'est pas mort,mais il a dégénéré en vice ." Pour le philosophe, c'est la négation de la vie. Ya du vrai. Ce qu'i n'a pas percu , c'est la beauté du vice. Et la beauté du vice s'appelle Transgression.
Après 68, Emmanuelle, la recrudescence des films pornos, Eros avait cessé d'être un vice. Il a pourtant dégénéré. Non , pire , il est mort. Sans transgression, Eros n'a plus qu'à se suicider.
Lars sait parfaitement qu'il ne va pas choquer en montrant des scènes de cul. Le sexe est banal.D'où le carton du début. Pour nous faire saliver. Pour qu'Eros redevienne le vice qu'il n'aurait jamais du cessé d'être.
Joe devrait être la plus épanouie des femmes. Elle devrait être la Reine. Elle pousse à fond la logique de la société consumériste ou du "jouir sans entrave". Elle mène une révolution contre l'amour. Maîtriser sa sexualité, considérer les hommes comme des objets, explorer tous les champs de sa féminité.Notre société qui a libéré le corps devrait se prosterner devant Joe qui a fait de son corps son essence.
Le corps qui est la vraie problématique du film. Le corps qui jouit et le corps qui déchoit(le père). Le corps qui jouit devant le corps déchu et vaincu. Scènes indispensable du film pour montrer la saleté , la laideur de l'objet qui est source de plaisir. Scènes indispensables pour opposer la faiblesse à la force. L'un meurt, l'autre déborde de vie. Le sexe n'est rien sans la mort. Car si la mort n'est plus, le sexe se meurt. En cela , le sexe est vicieux car la source du plaisir, la source du désir dépend de la disparition des anciens. Et le corps sans cesse en compétition avec Seligman, le confident, dont l'épaisseur psychologique est ici nulle(apparence!), l'incarnation de l'esprit. Le vieil intellectuel juif veut soulager Joe. Elle n'est pas mauvaise. Il lui trouve des excuses. Elle s'autoflagelle.
C'est là que le bât blesse. Joe a honte. La femme du désir dans une société qui voue un culte à la sexualité et à la liberté érotique ! Paradoxe !Et elle reste seule. Elle reste seule malgré ses amants. Coincée entre celui qu'il lui donne du plaisir et celui à qui elle en donne. La solitude est le premier des châtiments, le second sera la perte du plaisir, le troisième ...
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