Nos souvenirs par FuckCinephiles

Mais quelle mouche shooté au piment mexicain a t-elle bien pu piquer la Croisette l'an dernier, au moment de la présentation mouvementée à la presse, de Nos Souvenirs signé Gus Van Sant.
Ou, sans contestation possible, le métrage le plus conspué d'une quinzaine Cannoise ou il aurait dut (pu ?) être l'une des attractions majeures.


Car avec à sa tête l'un des cinéastes ricains les plus importants de sa génération (oui, il l'est), et un casting vedette indécent de talents (Matthew McConaughey, Naomi Watts et Ken Watanabe), le tout scripté par l'excellent Chris Sparling (Buried); la péloche avait clairement sur le papier, les moyens d'ambitionner un statut plus reluisant, voir même, de titiller un palmarès loin de réunir - lui aussi - tous les suffrages à son sujet.


Et alors qu'il n'a toujours pas foulé la moindre salle obscure outre-Atlantique depuis Cannes, le film débarque (enfin) chez nous cette semaine dans un complet anonymat qui laisse méchamment songeur, au milieu du blockbuster super-héroïque rutilant Captain America : Civil War, ou encore du biopic Heisenberg-isé (Bryan Cranston Forever) Dalton Trumbo.
Si sa mauvaise réputation laissait présager une purge sans nom, force est d'ettre qu'après vision, The Sea of Trees n'a pas mérité son accueil glacial et bruyant cannois, même s'il est, logiquement, un film mineur dans la filmographie du papa de Elephant et Will Hunting.


Nos Souvenirs ou l'histoire d'Arthur Brennan qui, dans la fôret d'Aokigahara au pied du Mont Fuji, est venu mettre fin à ses jours; comme beaucoup avant lui en ces lieux.
Alors qu'il a trouvé l'endroit qui lui semble idéal, il aperçoit soudain un homme blessé et perdu.
Assailli par un sentiment d'humanité irrépressible, il se porte à son secours et, alors qu'il s'était décidé à mourir, Arthur va devoir aider un homme à survivre...


Porté par un sujet ionnant, le nouveau Van Sant démarre tambour-battant avec son histoire d'américain décide à mourir, s'engouffrant dans " la foret des Suicides " - poétique et morbide à la fois -; ou une pluie d'âmes solitaires s'y sont condamnées avant lui.
Une introduction prenante et efficace à souhait, qui cédera peu à peu sa place à une déconfiture pesante et férocement illustrative (voix-off inable à la clé), ou les nombreux flashbacks serviront autant de caution émotion évidente que de vrai fil conducteur au récit pour mettre en image " les raisons " qui ont menées au voyage sans retour d'Arthur.


Épopée mystico-grotesque façon survival pesant (pas forcément dans le mauvais sens du terme), à la naïveté/mièvrerie presque ridicule (son final, à la lourdeur dispensable), rarement transcendé par une mise en scène impersonnelle et sans grande fulgurance malgré un casting parfait (McConaughey et Watanabe en tête); Nos Souvenirs est un drame inégal mais attachant dans son simplisme, peu subtil (et très larmoyant) mais captivant même dans ses maladresses.


Son big bad buzz laissait présager le pire, mais il est une évidence que le cinéma de Gus Van Sant n'est pas au meilleur de sa forme depuis quelques printemps...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/04/critique-nos-souvenirs.html

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le 27 avr. 2016

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