Drôle de guerre

1942, des soldats poursuivent péniblement les groupes de partisans soviétiques dispersés dans les marais biélorusses.

Sous la pluie et dans la boue de cette région misérable, ils pourchassent des fantômes dans une lutte absurde qui ne les concerne pas.


Dans la lignée des films d'Europe de l'est sur la Guerre, j'ai trouvé "Come and see" plus percutant mais on est ici sur une oeuvre intéressante.


Ici pas de romantisme sur la justice, la résistance et les combats héroïques.

De combats? Il n'y en aura qu'un, et encore, une pauvre embuscade de quelques secondes en pleine nuit. L'ennemi est caché, partout et donc nul part.

Des guerriers? Les combattants sont des pères de famille fatigués et les locaux de pauvres villageois en haillons qui sont pris entre le marteau de l'occupant et l'enclume des partisans.

De justice, point non plus. La région est morbide, pluvieuse et boueuse avec des marais qui n'en finissent pas et des villages misérable à la merci des soldats et des partisans.


En pleine guerre d'Ukraine, où les combats ont lieux dans des endroits à peine plus engageants, ce film prend une certaine résonnance : pourquoi se battre? Pourquoi mourir? Pourquoi tuer pour des terres de misère?


Le héros de ce film, un caporal réserviste, illustre bien la situation de ces hommes.

Blasé par les années de guerre, visiblement fatigué et lassé de courir les bois, il semble n'avoir qu'une peur: ne jamais rentrer chez lui.


On sent dans le film une tension constante liée à l'ambiguïté de la toute puissance de ces soldats. Ils sont dans des villages dont les hommes sont partis se battre ou sont morts. Ne restent que les jeunes, les vieux et les malades. Ils ont donc tout pouvoir d'autant plus sur des populations méprisées et vouées par les nazis à l'extermination. Pour autant ils sont incapables de combattre efficacement des adversaires quasi liquides tant ils se mélangent à la population et se déplacent vite.

Malgré tout son régiment se comporte bien. Pas de viols, pas de bastonnade ou de meurtre. Mais les choses vont changer très vite.


Le personnage principal va, d'une certaine façon, résister à cette tentation de la violence. Il peut plusieurs fois ab de sa force. Mais il est retenu par les circonstances mais surtout par des élans moraux qui le font renoncer à ses pulsions. Il ne tirera pas un coup de feu du film.


J'ai trouvé le film très beau, déjà car il joue beaucoup sur la lumière et nous dépeint une réalité très crue et peu amène, bien loin du clinquant hollywoodien et de ses guerres trop propres. Ensuite pour son rythme très lent et calme. C'est surtout ça la guerre, l'attente.


Peut-être aurait-il pu se montrer plus radical. Plus brutal. Créer encore plus de malaise. Mais était-ce utile?


J'ai trouvé que c'était un beau portrait de soldats , que le film remet de l'humain derrière le stalhelm et montre que ces types, bien qu'au service de dictatures conquérantes, étaient avant tout des hommes avec des désirs et des peurs.


Je vous le conseille et si vous en voulez plus, allez voir "Come and see" une expérience plus radicale et plus intense sur une thématique similaire.


8
Écrit par

Créée

le 26 avr. 2025

Critique lue 101 fois

Cerberus293

Écrit par

Critique lue 101 fois

D'autres avis sur Natural Light

Drôle de guerre

1942, des soldats poursuivent péniblement les groupes de partisans soviétiques dispersés dans les marais biélorusses.Sous la pluie et dans la boue de cette région misérable, ils pourchassent des...

le 26 avr. 2025

Radicalité manquante

En début de film, un encart nous apprend que durant la seconde Guerre mondial, 100 000 soldats hongrois au côté des forces occupantes allemandes avaient été chargés d’une double mission. Ils étaient...

le 11 janv. 2023

Du même critique

Réveil douloureux

Un petit plaisir de post-adolescence qui est resté dans ma mémoire comme un exemple très réussi de SF et d'horreur.Un film qui nous envoie au fond de l'espace dans les entrailles glacées d'un...

le 2 févr. 2025

1 j'aime

Requiem pour un massacre
10

Les chasseurs noirs

Si je choisis le titre du livre éponyme de Johan Chapoutot c'est à raison: ce film est une extraordinaire illustration de sa thématique: la guerre mondiale en Biélorussie.L'histoire nous plonge dans...

le 19 janv. 2025

1 j'aime