Museum Hours de Jem Cohen est un souffle rare, un murmure d’humanité dans le tumulte du monde. Peu de films m’ont touché avec autant de délicatesse ; c’est pourquoi je lui accorde sans hésitation une note de 9/10.
Dans ce musée viennois baigné de lumière douce, le temps semble suspendu. La rencontre entre Johann, gardien attentif, et Anne, étrangère égarée, devient le fil discret d'une méditation sur la beauté cachée du quotidien. Ici, l’art n’est pas seulement accroché aux murs : il infuse chaque geste, chaque silence.
La mise en scène, tout en respiration et en écoute, nous invite à ouvrir nos propres yeux — non pas pour voir des événements spectaculaires, mais pour saisir la poésie du banal. Cohen filme les rues de Vienne et les salles du musée avec la même tendresse, tissant un dialogue invisible entre Bruegel et l'instant présent.
La grâce du film tient aussi à la pudeur de ses interprètes : Bobby Sommer et Mary Margaret O’Hara incarnent avec une infinie justesse deux solitudes qui, sans jamais s’imposer l’une à l’autre, trouvent un écho réconfortant.
Museum Hours est moins un récit qu'une promenade intérieure, une caresse pour l'âme de ceux qui savent encore s’émerveiller. Un film rare, humble et profond, qui invite à réapprendre à regarder — et à ressentir.