Muriel ou le temps d'un retour par raphael aubanel

Angle mort de ma cinéphilie, Alain Resnais fait parti de ces réalisateurs dont seul le nom provoque chez les cinéphiles un sentiment pareil à celui que provoque Proust ou Dostoïevski chez les ionnés de littérature. C'est avec appréhension, envie et curiosité que j'abordai l'œuvre de ce réalisateur incontournable il y de ça trois jours sous l'impulsion de ma lecture de l'Image-temps de Deleuze.

J'était donc préparé par cette lecture à affronter l'œuvre de ce réalisateur. Enfin c'est ce que je pensais. Premier choc: le montage. Deuxième: les travellings. Et même si ce deuxième élément est absent, phénomène à noter étant donné que le travelling a constitué, pour Resnais, depuis Nuit et Brouillard, et de Toute la mémoire du monde, une figure de style très importante pour lui, Muriel garde une place de choix dans la carrière d'Alain Resnais.

Les thèmes ne sont pas changés (le début de carrière, n'ayant pas vu le reste je ne me permet que de parler de cette partie, semble constituer autant d'œuvre qui sont comme autant de variation sur un même thème): le rapport des personnages à l'oubli, et le rapport entre une histoire personnel et l'Histoire. Ainsi, Muriel, personnage donnant le titre à l'œuvre, est une femme qui a était aimée par le personnage de Bernard, mais qui fût torturé durant la guerre d'Algérie. Dite guerre dont le personnage ne semble pas être revenu indemne, tout comme le personnage d'Alphonse qui, quand on lui demande d'en parler, ne se dit pas encore prêt à évoquer ce souvenir. Action qu'il n'hésite pas à effectuer avec le personnage de Hélène concernant leur ancienne histoire d'amour, dont le réalisateur nous donne des bribes au cours des discussion entre les deux personnages.

Bref, tous les personnages semblent obnubiler par un é duquel il n'arrive pas à s'émanciper, tout en ressentant, pour certain, la nécessité de l'évoquer pour le "donner à l'oubli", comme le dit un des deux amants de Hiroshima, mon amour.

Aussi, la situation dans laquelle deux personnages parlent ensemble d'un é révolu constitué pour Resnais la source narrative de ces deux précédents longs-métrages, ici, cette narration n'est pas abandonné, mais mis au même niveaux que l'histoire naissante entre Françoise et Bernard. Mais si la structure narrative semble linéaire, le montage ne cesse la faire éclater, laissant plus d'importance à ce qui se place entre les plans, qu'à ce qui se e à l'intérieur d'eux mêmes, structure étonnante donc, mais qui permet à Resnais de nous faire mieux appréhender les sentiments des personnages pour qui le présent ne semble qu'être un prétexte à évoquer un autre temps, é ou futur. Et chacun des personnages semblent avoir des réactions différentes face à ce constat, les uns s'agitent, font une fuite en avant pour oublier le é (Hélène), les autres préfèrent se poser et se morfondre dans le é qu'il souhaite revivre (Alphonse).


Face à une telle maitrise, on regrettera la ficelle narrative trop visible à la fin du film, consistant en un personnage qu'entre aperçu et évoquer à demi-mots durant tout le film, dont la rapidité et la consistance de ce dernier ne nous a permis de saisir son importance, ainsi quand il fait son apparition, au lieu d'évoquer un é qui rattrape les personnages, apparait comme un Deus Ex Machina grossier qui nous fait sortir du film.

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le 12 juil. 2024

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raphael aubanel

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