Mud - Sur les rives du Mississippi par Teklow13

J'aime le début du film, qui débute comme un conte initiatique. Nichols parvient à retranscrire d'une jolie façon le besoin d'aventure, de mystère, de secret que l'on peut ressentir durant l'enfance. Ici c'est le cas de 2 gamins, le temps de fugues journalières, qui quittent leur quotidien (plus ou moins plombant) pour redre un monde secret rien qu'à eux. A l'écran, concrètement ils quittent le continent, à bord d'une barque, bercée par le fil de l'eau, du Mississippi, pour redre leur île. Ile sur laquelle s'érige leur trésor, leur cabane, un bateau coincé en haut d'un arbre.
A travers cette simple image merveilleuse et poétique, Nichols parle de l'enfance à la manière d'un Mark Twain.
Puis ils font une rencontre, un homme, poursuivit pour meurtre, qui s'est réfugié sur cette île et qu'ils vont aider. C'est leur deuxième secret. De Mark Twain on e à Eastwood côté Un monde parfait. Le film ira dans d'autres directions par la suite (polar,...) mais on sent dans la mise en scène du cinéaste qu'il cherche à s'inscrire dans un certain paysage américain, un certain classicisme (qui malheureusement penche parfois vers l'effet de style aussi). J'aime moins le film lorsqu'il tente d'élargir le cadre, quand on quitte le monde de l'enfance pour redre celui des adultes, leurs préoccupations sont moins magiques, plus laborieuses et le film perd sa force dans cette direction.
Sans parler d'un basculement dans la violence lors d'une scène totalement inutile et hors propos.
Comme dans Take Shelter, il y a ici encore un portrait de famille, doublé d'un constat géographique et social, toujours le sud des Etats-Unis.
Dans la continuité de sa courte œuvre, il fait émerger également une autre notion, le besoin d'amour, sentiment qui guide tous les personnages masculins, des gamins aux adultes. Ce qui est beau c'est la façon, souvent maladroite, dont ces personnages essaient d'exprimer cet amour, souvent déclaré de façon orale, ou écrite, mais on ose le communiquer.
Ce qui me gène beaucoup plus là-dedans c'est l'absence de contrepoint. Le regard est évidemment un regard masculin, c'est un choix qui se respecte, la femme est éclipsée, c'est un réceptacle qui semble peu intéresser le cinéaste. A la limite. Mais ce qui me dérange c'est qu'à travers les 3 personnages féminins du film, Nichols est à la limite de démontrer qu'elles sont l'unique cause de la perte de l'homme, de leur souf. Heureusement il y a un semblant de contrechamp dans les dernières scènes, suffisamment pour sauver le film d'une presque misogynie.
Tout ça pour dire que Nichols tenait presque là un très beau film, qui aurait gagné à se recentrer sur son triangle central et qui se perd un peu dans ses à côtés.
A noter les 2 gamins, tous deux formidables.
5
Écrit par

Créée

le 31 mai 2012

Critique lue 3.5K fois

58 j'aime

4 commentaires

Teklow13

Écrit par

Critique lue 3.5K fois

58
4

D'autres avis sur Mud - Sur les rives du Mississippi

Stand by Mud

Dear Jeff, Je suis tombée tardivement dans les méandres de tes pellicules poussiéreuses, et je m’en excuse humblement. Après tes histoires de familles dans Shotgun Stories et ton immersion...

Par

le 13 juin 2016

80 j'aime

6

Un coup de cœur au naturel.

C'est mon premier Jeff Nichols. Et je m'en souviendrai. Moi qui voulais à tout pris commencer par Take Shelter, je me suis finalement régalé avec cette histoire magnifique mêlant une multitude de...

le 30 juin 2013

71 j'aime

10

Mississippi & ions

Mud, c'est un film visuellement impeccable, qui invite avec une maestria rare à se plonger dans la torpeur boueuse des rives du Mississippi. Si vous avez comme moi été bercé par les histoires de Tom...

Par

le 10 févr. 2014

68 j'aime

7

Du même critique

Critique de Amour par Teklow13

Il y a l'amour qui nait, celui qui perdure, celui qui disparait, et puis il y a celui qui s'éteint, ou en tout cas qui s'évapore physiquement. Si certains cinéastes, Borzage, Hathaway, ont choisi de...

Par

le 22 mai 2012

89 j'aime

11

Critique de Mud - Sur les rives du Mississippi par Teklow13

J'aime le début du film, qui débute comme un conte initiatique. Nichols parvient à retranscrire d'une jolie façon le besoin d'aventure, de mystère, de secret que l'on peut ressentir durant l'enfance...

Par

le 31 mai 2012

58 j'aime

4

Critique de Les Amants agers par Teklow13

Le film possède une dimension métaphorique et repose sur une image politique plutôt intéressante même si déjà rabattue, à savoir assimiler un avion à la société actuelle, en premier lieu la société...

Par

le 26 mars 2013

55 j'aime

4