C’est la fin d’une ère. Mourir peut attendre, vingt-cinquième film de la saga inarrêtable, a déchaîné les attentes. Après plusieurs sorties repoussées, le film failli nous faire mourir à force d’attendre. En plus de cela, ça aura fait cinq ans qu’on attendait la sortie d’un nouveau film James Bond après Spectre de Sam Mendes sortie en 2016. Une période aussi longue entre deux films n’a jamais été aussi longue depuis celle qui précédait GoldenEye sortie en 1995. Le long-métrage va prendre énormément de risques pour éviter que le public se lasse, après quatre films sous l’ère Daniel Craig incarnant l’agent double zéro. A commencer par la scène d’introduction pré générique traditionnelle, qui durer quasiment vingt bonnes minutes (alors qu’initialement, c’était toujours moins de dix minutes). Et les prises de risques, le film ne va pas en manquer et au contraire continuer sur cette voie pendant deux heures quarante. Cela est extrêmement plaisant à regarder car, elles sont toujours cohérentes avec l’univers du récit et les films précédents. Car rappelons que de Casino Royale à No time to die, les films se suivent tous avec un vrai arc narratif tout du long. Si bien que, les libertés narratives s’inscrivent bien dans la continuité des autres films, et ici beaucoup plus de Spectre. Le film se détache de la tradition James Bond (par exemple il se détache de l’idée d’avoir une James Bond girl par film, car ici le personnage de Léa Seydoux revient…) sans forcément trahir le matériau d’origine. Et d’une moindre mesure on garde des codes évidents de l’idée que l’on a du personnage (comme le vodka martini au shaker et pas à la cuillère, le smoking, le côté gentleman et « homme-à-tout-faire »…). Ce détachement n’est pas non plus totalement nouveau, et d’ailleurs tous les films avec Craig étaient un peu comme ça ; et même bien avant, comme Licence to kill avec Timothy Dalton où l’on essayait de revenir à l’essence même du personnage comme il a été pensé dans les livres (l’idée d’un homme tourmenté et violent).
Mais avec No Time to die, cela atteint son paroxysme, et c’est irable. Visuellement le film est d’ailleurs très beau, avec une finesse dans la composition du cadre et dans ses couleurs ; et cela était un dure tâche après le grand Sam Mendes et son chef opérateur Roger Deakins ayant és par là avec Skyfall et Spectre. Cary Joji Fukunaga réussit non pas à faire mieux que le réalisateur précédent, mais à être bon dans ce qu’il fait. Ceci est notable car malgré une volonté évidente de se démarquer dans la mise en scène, il n’y a pas une cassure brutale avec les deux autres films ce qui aurait pu poser problème pour le dernier film avec Daniel Craig. Néanmoins, le film est décevant à cause d’une histoire et des personnages sans réelles profondeur. Une histoire de vengeance très basique, déjà vu cent fois. Les antagonistes, et surtout l’antagoniste principale du film est peu intéressant, et cela est dû à un manque de personnalité, de charisme et de profondeur : on ne s’y attache vraiment pas en tant qu’antagoniste, on ne comprend pas véritablement ses motivations. L’arc narratif sur la mission de Bond ne s’avère pas si intéressant car ça fait « déjà vu » quand on le compare aux autres films de la saga : que ce soit l’île où habite de l’antagoniste, la volonté de ce dernier d’obtenir une arme absolu capable d’exterminer une population…. Donc même si le film prend des risques dans son scénario qui sont de bon augure, cela ne sauve pas cet arc narratif principal quasi lassant. Heureusement que les scènes d’action qui servent cette intrigue sont d’une maîtrise et d’une efficacité presque jouissive ; mais aussi que l’on ne suive pas seulement la rivalité entre le personnage de Craig et celui de Rami Maleck.