Il y a des films qui frappent fort… et d’autres qui frappent dans le vide. Mother’s Day (2011) de Darren Lynn Bousman fait, à mes yeux, partie de cette seconde catégorie : un coup d’éclat brutal, mais terriblement creux.
Dès le départ, le film semble vouloir imposer une atmosphère suffocante. L'idée de voir une maison de banlieue paisible envahie par une famille de criminels est, sur le papier, prometteuse. Malheureusement, Bousman en fait un exercice de style appuyé, sans véritable tension durable. Le choc visuel est là, les cris aussi — mais où est la montée en puissance psychologique ? Où est l'émotion authentique derrière la violence ?
Ce qui aurait pu être un thriller intense devient un spectacle gratuit. Le réalisateur, ancien artisan de la saga Saw, applique ici les mêmes recettes de stress et de sadisme… sans jamais transcender la formule. Il nous noie dans une surenchère de brutalités, au point que l'horreur finit par devenir anodine, presque ennuyeuse.
Rebecca De Mornay, pourtant excellente dans son rôle de mère manipulatrice, se débat pour donner de la profondeur à un personnage qui vire rapidement à la caricature. Quant aux victimes et antagonistes secondaires, ils sont pour la plupart réduits à de simples pantins hurleurs, incapables d’attirer autre chose qu’une vague indifférence.
Le plus frustrant, c’est que le film esquisse des thématiques fortes — la dévotion toxique, la dislocation familiale — sans jamais vraiment les explorer. À force de préférer la démonstration gore à l'analyse humaine, Mother’s Day e complètement à côté de son potentiel tragique. Ce n'est pas tant le contenu choquant qui dérange ici, mais l'absence de substance pour le justifier.
En fin de compte, malgré quelques éclairs de mise en scène et un certain savoir-faire dans l'orchestration du chaos, Mother’s Day m’a laissé froid. À trop vouloir choquer sans construire, Bousman livre un film qui agite mais n’émeut jamais, qui bouscule sans marquer.
Avec un 4/10, je salue l'effort formel, mais je condamne l'absence d'âme. Un thriller horrifique qui abat ses cartes trop tôt et oublie l’essentiel : raconter quelque chose qui mérite d’être ressenti.