Dans la foulée de son premier film en tant que réalisateur (le moyen "Les morsures de l'aube"), Antoine de Caunes change de braquet avec un deuxième long-métrage en costumes nettement plus ambitieux.
De Caunes nous embarque sur l'île de Sainte-Hélène, au beau milieu de l'Atlantique Sud, lieu d'exil de Napoléon Bonaparte de 1815 jusqu'à sa mort en 1821. On y découvre les conditions de détention "sur mesure" (et extrêmement coûteuses) de l'Empereur déchu, entouré de la cour de ses derniers fidèles.
Le néo-réalisateur tente d'insuffler mystère et tension à son récit historique, en introduisant une part d'enquête "policière", reprenant la légende (très contestée) selon laquelle la dépouille de Napoléon ne reposerait pas au dôme des Invalides, mais serait restée sur les lieux de son décès, au cimetière de Sainte-Hélène.
Pour justifier cette hypothèse, De Caunes et son scénariste René Manzor imaginent une romanesque autant qu'improbable substitution de cadavres, à laquelle ils ne semblent pas croire eux-mêmes...
Plus gênant, "Monsieur N" se révèle confus, gérant parfois de manière brouillonne ses différentes lignes temporelles et son très grand nombre de personnages - que le réalisateur omet de présenter efficacement (il fera la même erreur avec son biopic sur Coluche).
Surtout, le film est pénalisé par sa voix-off omniprésente, et régulièrement inaudible, car déclamée en français par un acteur anglais au très fort accent.
Pour autant, "Monsieur N" reste un divertissement correct, doté d'un budget conséquent visible à l'écran (décors, costumes, distribution...), sublimé par la bande originale signée Stephan Eicher, et porté par un Philippe Torreton sobre et convaincant en Napoléon.
Autour de lui, De Caunes réunit une troupe de bons comédiens (Roschdy Zem, Frédéric Pierrot, Stéphane Freiss, Elsa Zylberstein...), hélas pas toujours bien dirigés.
Enfin, concernant le casting britannique, on soulignera la belle prestation de Richard E. Grant dans le costume du mal-aimé Hudson Lowe, mais on regrettera le choix de la quelconque Siobhan Hewlett pour incarner la jeune et jolie Betsy, dernier amour de Napoléon.