Monsieur Rahim

Oh ! lala que le grand Charles doit être fier ! Et il peut l'être !


D'abord envers le duo de réalisateurs Mehdi Idir / Grand Corps Malade, pour avoir respecté son souhait en tournant ce biopic après avoir été désignés (presque) d'office par cet immense artiste, ébloui qu'il a été par leur premier film Patients. Alors quand un film sort 6 ans après la disparition de ce grand monsieur de la chanson, on se dit qu'un long parcours de recherches, de documentation, de témoignages a été nécessaire. Oui, certainement, sous l’œil vigilant et avec l'aval de ce chanteur de légende. Mais il semblerait que tout était acté, étant donné que la production devait être lancée le premier octobre 2018... et c'est le jour du décès de ce petit monsieur grand par le talent. Le projet (et quel projet !) s'en est trouvé alors retardé. Ce qui devait être le second film de la paire de réalisateurs a finalement été précédé par La vie scolaire (par ailleurs très moyen), peut-être le temps d'encaisser le coup et de faire le deuil. On sait que Grand Corps Malade était très attaché à Charles Aznavour. Ceci explique peut-être cela...

Evidemment, faire un biopic sur un artiste tel que Charles Aznavour peut se transformer en terrain miné. Eh bien ce n'est pas le cas, les différents traits du personnage se dessinant au fur et à mesure que le film se déroule. Une volonté d'enfer certes (quelque part ça me fait penser à Jean-Jacques Goldman qui a aussi bien galéré à ses débuts bien qu'il soit également bourré de talent), mais aussi un amour incommensurable pour la musique, les paroles, bref tout ce qui fait une chanson. Et finalement, on constate avec une certaine satisfaction que finalement, les choses ont décollé pour ce petit bonhomme à l'immense talent dès lors qu'il a écrit des chansons qui parlaient de lui... et qui parlaient vraiment aux gens.

Grâce aux deux réalisateurs qui ont tenu leur promesse, on découvre cet homme têtu comme ce n'est pas permis dans sa vie intime, de sa plus tendre enfance marquée par quelques traumatismes ayant forgé son caractère jusqu'à l'apogée de sa carrière. On y découvre un homme pas aussi simple qu'on le voyait à l'écran, avec ses petits travers, sans pour autant jamais perdre le cap. Oui j'ai vu ici et là que certains spectateurs n'apprécient pas qu'on égratigne l'aura de leur idole...Ou plutôt devrais-je dire désacralisé. Je suis désolé, mais personne n'est parfait, ce qui n'empêche en rien l'iration qu'on peut avoir envers l'artiste, et cela n'enlève rien à l'héritage laissé.

Toujours est-il que j'ai particulièrement aimé le découpage en plusieurs chapitres. C'est plutôt bien vu, selon moi.


Ensuite oui, Charles Aznavour peut-être fier de l'acteur qui l'a incarné, j'ai nommé Tahar Rahim. Et en effet, il est bluffant. Bluffant dans la façon d'être, bluffant dans sa façon de parler, bluffant dans sa façon de chanter. Proposé par le directeur du casting David Bertrand, Tahar Rahim est apparu comme une intime évidence à tout le monde, suite à sa capacité de transformation qu'il a démontré lors du tournage de Le serpent. Seulement voilà : il fallait interpréter Charles Aznavour ! Non mais Charles Aznavour, quoi ! C'est pas rien ! Même Tahar Rahim se demandait comment il allait faire ! Il a d'ailleurs reconnu avoir pensé la marche insurmontable. Eh bien finalement non... pas pour lui. Le bourreau du travail qu'il est s'est mis au boulot. Au programme, des heures et des heures de documents vidéos, allant de simples plateaux télé aux concerts, en ant par les interviews ; mais aussi des cours de chant, à raison de 8h par semaine durant plusieurs mois ; sans oublier les cours de piano et de gestuelle. Un travail Immense. Colossal. A tel point qu'il ne s'est pas contenté d'imiter Charles Aznavour, mais bien de se fondre en Charles Aznavour. Et ma foi oui, IL EST Charles Aznavour, ayant poussé son travail jusqu'à éviter d'être doublé pour les chants comme initialement prévu. Il n'y a guère que quelques aigus qui ont été retravaillés en studio. Alors oui, Charles peut être fier de Tahar, ce dernier ayant travaillé son rôle-titre jusque dans sa vie privée, en parlant Charles Aznavour H24, à tel point que sa femme s'agaçait d'entendre Charles Aznavour engueuler ses enfants. Alors oui, Aznavour peut être fier de Rahim, et nous on peut le remercier de nous avoir si bien fait voyager aux côtés de cet artiste quelque peu atypique par son physique, mais aussi par sa voix, tant et si bien qu'on ne voit pas les 2h13 er. Une sacrée performance que je n'avais pas eu l'occasion de voir depuis pas mal de temps, et que je salue bien bas sous mes applaudissements. Respect.


Mon seul bémol revient au choix qui s'est porté sur Marie-Julie Baup pour incarner Edith Piaf. Perso, j'aurai reconduit Marion Cotillard tant elle avait été grande dans La Môme. Et c'est justement ce qui m'empêche de donner la note maximale. Certes l'actrice s'en sort plutôt bien, mais elle n'efface pas la performance de Marion.


Merci ! Oui grand merci Grand Corps Malade, grand merci Mehdi Idir, et immense merci Monsieur Rahim !!!

9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 déc. 2024

Critique lue 36 fois

1 j'aime

Stephenballade

Écrit par

Critique lue 36 fois

1

D'autres avis sur Monsieur Aznavour

Le grand Charles

Quel hommage.J'ai depuis 2 ans plus de 20 ans, et pourtant Charles Aznavour ne m'était avant que le film commence que très peu familier (j'ai d'ailleurs hâte de lire les avis de ses fans...

Par

le 7 sept. 2024

30 j'aime

1

Je m'voyais déjà...

Pré-choisis par le grand Charles lui-même juste avant sa disparition en 2018, les co-réalisateurs Mehdi Idir et Grand Corps Malade (qui a chanté avec Aznavour) nous offrent aujourd'hui ce très beau...

Par

le 25 oct. 2024

23 j'aime

4

On va filmer la vie d'Aznavour comme un film de Scorsese. Wesh.

L'intro est horrible, on a tous les poncifs du biopic académique gentillet et pseudo chiadé.On enchaîne une bonne demi heure dans une sorte de buddy movie plutôt sympatoche (sans être révolutionnaire...

le 1 août 2024

18 j'aime

5

Du même critique

Sur les routes de l'éducation et du respect mutuel

"Green book – Sur les routes du sud", c’est le genre d’histoire dont tout le monde a besoin. Si nous la découvrons aujourd’hui, nous la devons à la descendance directe de Tony Vallelonga, en...

le 8 févr. 2021

17 j'aime

16

Brillant De Palma

Voilà un film au suspense hitchcockien, doté d’un scénario on ne peut plus original. Certains diront qu’il a un peu vieilli, moi je dis qu’il respecte l’esprit de l’époque dans laquelle se déroulent...

le 1 févr. 2021

10 j'aime

13

Valerii à la sauce Leone

"Mon nom est Personne" est un des derniers westerns spaghettis de l’histoire du cinéma sinon le dernier, du moins qualitativement parlant. La première séquence met tout de suite le spectateur dans le...

le 16 nov. 2020

10 j'aime

6