Emmenez-moi le revoir ? Pas certain.

Tahar est assez crédible, plus l'on s'approche de la fin, plus Charles apparaît. Notamment dans la voix, le travail est présent. Toutefois, je sens comme un goût d'inachevé, comme s'il manquait des choses, dans l'histoire, dans son explosion, lorsqu'il était enfin en haut de l'affiche. On présente Aznavour par moment presque comme un mafieux italien un peu cliché. Clope au bec, des femmes en veux-tu en voilà, des grosses maisons et l'envie d'en vouloir toujours plus. La scène sur fond de rap était à mon sens complètement ridicule et hors contexte. Gangst'Aznav c'était à deux doigts de le voir la chaîne en or autour du coup et la ligne de poudre. J'ai cru apercevoir Jacques Brel sur plusieurs plans, derrière son micro, la mèche de cheveux sur le côté, bien mise sur le front. Très perturbant de sortir plusieurs fois du personnage comme ça l'a été durant le film.

Dans l'interprétation il m'a manqué du geste, de la mimique, de la main qui tremble, des bras qui donnent le tempo aux cordes, du micro près de la bouche, des pantalons bretelles et des mains dans les poches. Alors oui, c'est du cliché, mais c'était ça Aznavour. Un bonhomme d'1m64 qui faisait valser ses bras et qui tournait sur lui-même sur fond de violons sur "Emmenez-Moi". C'est d'ailleurs exactement ce que l'on voit dans les vraies images de fin.

Non ce qui est assez risible c'est le bal des sosies. En 2h de film on y voit Piaf, Johnny, Truffaut, Trenet, Sinatra, Bécaud... Et ce n'était clairement pas nécessaire pour tous. Oui, Edith Piaf est celle qui a lancé la carrière du grand Charles,

oui il aurait été difficile de ne pas prononcer son nom (et même une faute). Mais sincèrement...er après la réincarnation de Marion Cotillard c'est tout simplement impossible. L'actrice essaye de faire son possible et on peut pourquoi pas se laisser porter, mais on est davantage dans le sosie. Ce nez en trompette à outrance pour Edith, d'où vient-il ? N'aurait il pas été plus judicieux de la montrer de dos, par l'intermédiaire de lettres, d'assistants ou de la faire parler sur voix off, de l'apercevoir quelques instants dans la salle, au premier rang avec un simple sourire. C'était trop. Même si le caractère de la môme est plus que bien travaillé et réaliste, pour le reste difficile de se détacher du chef-d'œuvre qui l'avait sublimé par le é dans son biopic.

Le film montre certes des aspects un peu moins connus de la vie de l'artiste, notamment le fait d'avoir caché des juifs avec ses parents. C'est intéressant. Mais il reste un goût de trop peu. L'impression qu'à raconter il y'aurait eu davantage, du différemment, du plus sélectif, difficile à dire. Difficile à faire aussi, tant la très longue carrière nécessite de faire des choix, à chacun de voir si les bons ont été faits.

La marche était un peu haute, l'interprétation notable, mais ce n'est pas assez pour le Grand petit Aznavourian.