Après avoir vu une quinzaine de Guitry, je le trouvais élégant, spirituel, drôle ; léger, parfois trop, clairvoyant, parfois misogyne, français, parfois parisien.
Je le trouvais également, et malheureusement, pénible lorsqu’il se lançait dans la complaisance historique. Mais tellement brillant dans la comédie (Bonne chance), même de boulevard (Faisons un rêve), tellement novateur dans la mise en scène (Le roman d’un tricheur), même sans apparaître (La poison), que j’oubliais sans remords sa buonapartolatrie et sa préciosité bourgeoise.
Mon père avait raison contient toutes les qualités de son auteur, mais en ajoute deux autres, la réflexion, sans pour autant perdre la légèreté, et l’émotion, sans pour autant perdre l’humour. Les maris sont toujours trompés, les femmes sont toujours frivoles, Pauline Carton est toujours domestique et Jacqueline Delubac est toujours charmante, mais il y a dans ce petit théâtre familier plus de profondeur qu’à l’accoutumée, plus de conséquence, par les simples faits de donner un fils à l’habituel vieux célibataire et d’assumer son âge à l’écran.
Alors c’est certainement du théâtre filmé, c’est certainement inégal dans l’interprétation (le fils ne vaut pas le grand-père, ce qui est souvent le cas), mais une œuvre qui parvient à rassembler l’esprit, l’intelligence et le sentiment, le tout avec le tact de la plaisanterie, ce n’est pas si courant, et cela mériterait une plus grande reconnaissance. Si la forme du Roman d’un tricheur est de toute évidence bien plus travaillée que celle de Mon père avait raison, qui ne l’est presque pas, l’écriture de celui-ci me semble supérieure.