Mon oncle d'Amérique par B-Lyndon
Je trouve que c'est un film extraordinaire. C'est un véritable volcan de cinéma en fusion, où se croisent des sons, des images, des voix, des mots, des personnages et plein d'autres choses aussi.
Resnais observe le destin de trois personnages qu'il étudie sous le prisme des travaux du professeur Henri Laborit. Le film est construit comme cela, de manière très scientifique, basés sur une série d'hypothèses que le cinéma permet de vérifier.
Il y a une chose que je trouve merveilleuse dans le film, c'est l'utilisation des images d'archives (celles des films avec Darrieux, Marais et Gabin), qui deviennent les pensées des personnages, mais sont aussi leurs souvenirs : le souvenir de leur découverte d'un film qu'ils ont gardé en tête. Un film qu'on regarde, qui s'inscrit dans notre cerveau, et dont les images ressortent lorsqu'un instant intense advient. Je trouve que c'est une idée magnifique, qui questionne irablement ce que peut représenter le cinéma, ce qu'il peut faire vivre, à quel point un moment de vie peut nous identifier au moment d'un film.
Je redoutais au début une œuvre trop théorique, basée sur une mécanique sophistiquées mais froide, dépourvue de vie. Pourtant, Resnais l'annonce au début : l'écran, noir, est inondé d'une lumière rouge, celle d'un cœur qui bat. Ce n'est pas l'image d'un vrai cœur, matière scientifique, mais celle de la représentation du cœur, de ces deux boucles courbées que l'on relie lorsqu'on le dessine. C'est l'ouverture du film, et déjà son vrai ton y éclate : derrière la théorie et la sophistication, il y a ici la simplicité du dessin d'un cœur qui bat.