Mon Nom est clitoris est à la fois libérateur et terriblement coercitif, puisqu’en libérant la parole de jeunes femmes, en plaçant sur le devant de la scène un organe mal connu ou sous-estimé, il reconduit une incommunicabilité entre les sexes, les hommes étant ici privés de voix, privés de corps, privés de présence et décriés parce que ne prenant pas en compte le plaisir de la femme. Voilà une question que le film ne pose jamais : que savent les hommes du clitoris ? Non pour raccorder la sexualité à un contrôle masculin, dénoncé avec pertinence ; mais pour proposer une alternative, prendre le risque du débat, de la confrontation de points de vue afin de représenter une classe d’âge dans son ensemble, et non ériger un prélèvement de quelques dizaines de jeunes femmes en avatars de la femme contemporaine. Quid des femmes qui ne sont pas à l’aise avec ce sujet, qui ne souhaitent pas en parler ? Est évoqué, à un moment donné, le droit au jardin secret, à ce qui se vit sans se dire, dans l’intimité d’une solitude ou du couple. Aussitôt évoqué aussitôt balayé d’un revers de main. À la place, c’est l’invective qui triomphe : on tague des clitoris sur les murs, on colle des affiches choc, on se révolte. Certes la révolte est légitime, la prise de parole courageuse et importante. Mais nous aurions aimé une véritable écriture – jamais mentionnée lors du générique de fin – apte à penser le plaisir féminin comme un problème de société qui concerne chacun d’entre nous, femmes et hommes, adultes et adolescents, apte à éveiller les esprits sans standardiser la sexualité, ce que fait le long métrage alors même qu’il pense la représenter dans sa diversité.