Les désarrois de l'élève Iyad
Empreint d’un sentimentalisme poussé, « Mon fils » ne peut laisser indifférent. En suivant le parcours d’Iyad, jeune musulman de Jérusalem pendant une décennie, c’est une page d’Israël qui est revisitée. Entre 1982 (début de la guerre du Liban) et 1991 (guerre du Golf) la tension était extrême er ravivait les haines auprès de populations qui jusque là cohabitaient pacifiquement. Mais comme à son habitude, Eran Riklis (dont on se souvient avec bonheur de « La fiancée Syrienne » et avec autant d’émotion de « Les citronniers ») s’attache plus à ses personnages qu’à une reconstitution historique et politique franche. Il édulcore les faits sans toutefois les trahir, ne retenant que les sensations de vécu qu’il distille avec finesse. Iyad est un très beau personnage, complexe et contradictoire, auréolé d’une envie de vivre au mieux et de s’en donner les moyens. Son mentalité, dans ses contrastes, est assez caractéristique d’une évolution des esprits de la fin du XXème siècle, où la volonté d’un processus de paix devenait possible. La fin, sans en dévoiler les aboutissants, signe le terme de cet espoir. Et si l’histoire est touchante, cela tient beaucoup aux acteurs. Le jeune Tawfeek Barhom surprend par la maturité de son interprétation, à qui Yaël Abecassis et Michael Moshonov donnent le change. Ce trio porte brillamment l’intrigue de bout en bout viscéralement et avec beaucoup de subtilité. Et si la mise en scène toute en retenue reste des plus conventionnelles, elle propage un charme efficace, dont la lumière et la musique en illustre bien les troubles.