Arnaud Dubois,français de souche et fils d'un riche banquier,décide de rompre avec sa famille après une double déception.D'une part,son paternel ne lui confie pas les responsabilités professionnelles qu'il espérait obtenir,et d'autre part il est persuadé que son père n'est pas son père.Car Arnaud a une tête d'arabe.Il part s'installer en banlieue et y sympathise avec ceux qu'il pense être ses semblables,les maghrébins donc.A première vue,on peut croire qu'Ernesto Ona a tenté de refaire "Mohamed Bertrand-Duval",film oublié de 91 joué et réalisé par l'humoriste Alex Métayer,qui a un pitch assez similaire.Mais la comparaison s'arrête là,et l'inspiration réelle de "Mohamed Dubois" est clairement à chercher du côté de "La vérité si je mens",ce qui n'est guère étonnant dans la mesure où les deux films sont produits par le même Manuel Munz.On retrouve ici les éléments de la saga de Thomas Gilou.Un souchien qui intègre une communauté en prétendant en faire partie.Une bande de potes qu'il cristallise autour de lui et avec lesquels il monte une affaire.Une typologie des personnages à peu près identique,le dénommé Hassan cumulant les caractéristiques de Serge et de Dov.Le héros qui tombe amoureux de la princesse du quartier.Tout est là,c'est "La vérité" version halal plutôt que casher,avec les arabes de Barbès qui remplacent les juifs du Sentier.Application d'une recette donc.Mais pourquoi pas,si la recette est bonne,on peut la décliner de plusieurs manières et aboutir à une cuisine agréable au palais,ce qui est le cas ici.Le but de l'opération est de combattre les préjugés racistes...tout en les confortant.C'est là que réside la finesse du film qui,loin de nous infliger une énième leçon de morale lourdingue agréée "Touche pas à mon pote",met en évidence les qualités mais aussi les défauts d'une communauté aux particularismes très forts,religieux notamment,et pas toujours adaptés à la société laïque occidentale.Parce que le problème avec les clichés,c'est qu'ils reposent souvent sur la réalité.Ona nous montre donc des maghrébins tout à fait sympathiques,mais parfois empêtrés dans les contradictions culturelles qui peuvent les couper du reste de la population.Et l'on constate au age qu'ils sont tout aussi racistes que les autres,avec lesquels ils ne désirent pas forcément se mélanger.Mais nous ne sommes pas là dans le film à thèse pesant,et tout ceci est décrit avec un humour décapant qui rend la vision du film franchement hilarante.Les mésaventures d'Arnaud s'accumulent au fil des quiproquos et des malentendus que ses mensonges ne cessent de provoquer,pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques.D'autant que c'est Eric Judor qui incarne ce faux arabe et que son jeu décalé fait merveille dans cet emploi.L'élue de son coeur est la très mimi Sabrina Ouazani,qui semble détenir le monopole de ce genre de rôles.Dès qu'on a besoin d'une beurette sympa,c'est pour sa pomme.Ils sont entourés d'acteurs peu connus mais de talent.Le jovial Youssef Hajdi est présent,et on se souvient de l'avoir vu en cocu magnifique dans un spot de pub pour EDF,aux côtés d'un certain...Eric Judor!Mhamed Arezki est très à l'aise en beau gosse attirant immanquablement les filles et les emmerdes.Farid Elouardi est d'un grand naturel en caïd de quartier,et Hania Amar,une vraie bombe atomique,a de quoi faire grimper la température dans les slips.N'oublions pas Marie Kremer,actrice vue plus à la télé qu'au ciné,qui prête son étrange beauté et son jeu en rupture à son personnage de fliquette nympho fantasmant sur les arabes.