Dans The Final Reckoning, les dialogues servent de temps retourné : quoique débités au présent, ils mettent sur le devant de la scène une temporalité déjà ée ou à venir. Dit autrement, ils n’ont aucune incidence sur l’instant, polarisés entre le é qu’il s’agit de rappeler encore et encore au spectateur souffrant de pertes de mémoire – pris en charge par des analepses inutiles et redondantes – et un avenir qu’il faut motiver, prémâcher pour un spectateur inattentif. Sans oublier l’explication des risques et du caractère impossible de la mission non de l’équipe mais de Tom Cruise, crier haut et fort que sa vie est en danger imminent, qu’il ne pourra peut-être pas compter sur l’équipement dont il dispose, que personne avant lui n’a fait ce qu’il va faire – et ce qu’il va faire, regardez on vous en dévoile des images par prolepses !

Flashbacks et flashforwards, pour parler anglais, constituent les deux mouvements contradictoires de cette bande-annonce de près de trois heures à la gloire du surhomme qui réalise lui-même ses cascades, certes très impressionnantes, mais à la puissance en partie désamorcée par les actions invraisemblables que le scénario lui impose (par exemple, le sous-marin). Faire acte de vérité dans un ensemble régi par la facticité ne présente qu’un intérêt des plus restreints, d’autant que ces sursauts d’authenticité ne ramènent pas la saga du côté de l’incarnation : s’ils combattant une intelligence artificielle, les protagonistes se révèlent aussi artificiels qu’elle, versent quelques larmes en mémoire d’un ami disparu – et encore ! Le corps n’est que le d’un éloge du développement personnel : aucune émotion, aucun trouble lié aux dilemmes, aux tiraillements, aux doutes… Aux échanges sincères se substitue le tapis de course. Aux cinéastes des films précédents se substitue, une fois de plus, le médiocre Christopher McQuarrie.

Cet ultime volet de la saga, certainement le plus mauvais, fait du surplace en s’agitant dans tous les sens, écrase ses séquences mal filmées et montées – combien de plans débullés ? et pour quelle raison ? – sous une musique bruyante et dépourvue de la moindre innovation. Mais pas grave, on retiendra Tom Cruise sous, sur et dans des z’avions jaune et rouge lancés à vive allure, comme l’affrontement de Top Gun: Maverick (Joseph Kosinski, 2022) déjà remplaçait l’heure et demi de publicité autocentrée. Fin de transmission.

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le 17 mai 2025

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