Sacré Tom Cruise… Alors que sa carrière est en dents de scie depuis 2006 avec les échecs successifs et déceptions commerciales de "Lions et Agneaux", "Walkyrie" et "Night and Day", l’acteur-producteur rempile pour un quatrième volet de sa franchise Mission : Impossible réalisé par Brad Bird, qui deviendra un succès critique et commercial mondial… et bien mérité tant cet opus de 2011 redémarrait la saga avec un tonus et une qualité exemplaires après des opus 2 et 3 un peu inégaux (« un peu » étant un euphémisme en ce qui concerne le John Woo).
Et là, rebelote ! En 2015, après quelques déceptions au box-office avec Jack Reacher et surtout Edge of tomorrow malgré leurs belles réussites artistiques Tommy fait de nouveau appel à sa série star, via un cinquième opus où il refait appel pour la réalisation à Christopher McQuarrie.
Étonnamment, alors que l’on pouvait s’attendre à un fléchissement de la principale saga concurrente de James Bond 007 après un formidable volet de Brad Bird aux idées de mise en scène dynamiques et assez savoureuses en matière d’inventivité, McQuarrie décide de revenir aux fondamentaux de la saga, aux bases du premier long-métrage de 1996 par Brian De Palma. Alors que les différents trailers du film promettaient une séquence hautement spectaculaire où Cruise est désespérément accroché à la porte d’un avion en plein décollage… Surprise : il s’agit de la première scène du film ; qui plus est, une scène assez drôle, expédiée assez rapidement par le montage pour faire place au générique.
Comme si, en expédiant le morceau de bravoure principal promotionné par l’affiche et les bandes-annonces, McQuarrie, au bout de 5 minutes de métrage, sonne la fin de la récréation. Et décide de laisser la place à un Mission : Impossible sérieux, premier degré, comportant bien évidemment toujours des touches d’humour, mais un opus ne cédant pas à la tentation du tout spectaculaire, recentré sur ses personnages et son intrigue d’espionnage rappelant l’ambiance du film de De Palma. Bien sûr, une partie du cahier des charges de la série est respecté ; les scènes d’action et autres morceaux de bravoure sont présents, telles une course-poursuite en moto très grisante et une séquence en apnée assez prenante. La palme revenant à une longue scène virtuose dans un opéra jouant « Turandot » de Puccini, rendant ouvertement hommage à "L’Homme qui en savait trop" d’Alfred Hitchcock.
Mais deux nouveautés importantes sont à signaler dans ce cinquième chapitre de Mission Impossible : tout d’abord, un Simon Pegg moins cabotin qu’à l’habitude, avec un rôle un peu plus étoffé et assez important dans l’intrigue du film, jusqu’à éclipser Jeremy Renner et Ving Rhames dont on aurait peut-être aimer plus de présence à l’écran.
Et puis… Rebecca Ferguson.
En deux mots, tout est dit : la voilà, l’attraction (si je peux me permettre ce terme) du film. Pour la première fois dans la série produite par Cruise, figure un vrai personnage féminin, et non une jeune demoiselle faisant office de potiche. Rogue Nation est sans nul doute le film de la révélation pour cette actrice suédoise qui éblouit littéralement de sa présence ensorcelante le film, parfois même éclipsant la superstar Tom Cruise. Elle est en tous cas le personnage clé de l’intrigue, rendant d’autant plus réussie la scène dans l’opéra évoquée plus haut.
Alors que l’héritage de certaines franchises fait un peu de peine à contempler (Jurassic World, Terminator Genysis), il est réjouissant, dans une période estivale un peu morne en cette année 2015, de voir des franchises hollywoodiennes tenir encore debout et ses créateurs vouloir offrir des films à mesure de satisfaire le public et ne pas le prendre pour un imbécile. Mission : Impossible est de celles-là.
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