Ça y est, le jeu-vidéo le plus vendu au monde a enfin droit à sa propre adaptation sur grand écran ! Une adaptation qui partait pourtant très mal avec les trailers qui ne vendaient pas vraiment du rêve. Et... eh bien, c'est très mauvais. Mais alors vraiment très mauvais. Je dois même avouer que je ne m'attendais pas à un résultat aussi nul et pourtant, des adaptations ratées, il y en a eu ; cinéma et jeux-vidéo n'allant que très rarement ensemble.
Ici, il faut dire que le concept est difficile à adapter. Un jeu bac à sable différent en fonction de l'imagination de chacun est particulièrement compliqué à transposer au cinéma. Les scénaristes ont choisi la voie de la facilité : partir sur une base commune, c'est-à-dire les éléments que tout le monde ou presque connaît : l'univers, la construction libre, le crafting et puis, bien-sûr, le Nether pour construire un rapport manichéen plus ou moins indispensable à ce genre de film. Et ces éléments ne sont pas forcément une mauvaise idée, c'est une base commune qui parle donc à tout le monde, aux joueurs comme aux néophytes.
L'erreur, c'est de vouloir y faire un "Jumanji" bis, notamment avec Steve qui serait le Alan de 1995 dans cette analogie (qui a d'ailleurs droit à une scène d'introduction particulièrement foirée car beaucoup trop expéditive) et ensuite, on a le droit au "Jumanji" de 2017 avec tous les autres personnages.
Personnages complètement calqués, en particulier Jason Momoa qui nous fait du Dwayne Johnson en mode rigolo (rôle qu'il avait déjà dans "Fast X" d'ailleurs). Et puis alors à partir du là, c'est un enchainement de gags tous ultra-pauvres, on est vraiment au fond du panier de l'inspiration, tellement que j'en ai eu des bouffées de chaleur de gêne, c'est dire le niveau !
C'est bourré de scènes ultra-lourdingues avec des personnages qui le sont tout autant, c'est finalement le Jason Momoa et Jack Black show sur un fond vert "Minecraft". Parce-que oui, hormis la structure classique du blockbuster grand public (c'est-à-dire, sauver le monde blablabla), le film tourne autour du rapport de force entre Black et Momoa et je ne cesse de le dire mais qu'est-ce que c'est lourd et peu inspiré !
Du reste, on a le petit geek introverti classique qui trouve sa voie dans cet univers et puis les deux filles qui ne servent à rien. Mais alors vraiment à rien, elles font limite de la figuration. Ah si, à un moment donné, elles construisent une maison champignon en attendant les hommes qui sont partis se battre (aïe aïe aïe).
Bon, on a aussi une sous-intrigue avec Jenifer Coolidge qui ne sert absolument à rien mais qui est certainement la plus réussie (car la plus "drôle").
Et puis alors, la petite cerise sur le gâteau, c'est le Nether, décrit comme étant un univers dénué de joie et de créativité dans lequel seul l'or a de l'importance. Tiens, tiens, ça me rappelle un univers, bien réel celui-ci puisqu'il s'agit tout simplement de Warner, surtout après les propos récents de David Zaslav qui souhaite recentrer la ligne édito de Warner sur les franchises, suites et remakes aux dépens de films originaux. Sacré cynisme quand même. D'autant plus cynique lorsque ce genre de propos prennent sens dans une adaptation d'un jeu basé sur la richesse de la créativité (c'est même souligné par un personnage mais ça s'arrêtera là.. ah si non oui, y en a qui arrive à construire un "pistolet à croquettes"...).
Mais on n'a toujours pas parlé de l'éléphant au milieu de la pièce : l'univers en lui-même. Bah, c'est super moche, je suis désolé mais il n'y a vraiment d'autres mots ! Les fonds verts à la rigueur, je ne suis pas contre, surtout dans un univers comme celui-ci et puis les décors sont plutôt réussis. Mais alors, les personnages et notamment les PNJ créés dans un espèce de mélange entre 3D réaliste et style à la "Minecraft", c'en est carrément malaisant.
Bon voilà, triste constat donc pour un film aussi attendu (ou pas d'ailleurs), quoique certains spectateurs - adultes - étaient hilares dans la salle donc peut-être qu'après tout, il trouvera son public !