Meshes of the Afternoon
7.6
Meshes of the Afternoon

Court-métrage de Alexander Hammid (1943)

Songes d’une après-midi d’adversité

Encore un film difficile de Maya Deren, vu quelques jours après At land de la même cinéaste, mais sorti un an avant lui, en 1943. A l’origine, le film était complètement silencieux ; en 1959, son mari d’alors a ajouté une musique qui accroît fortement le côté fascinant de ce court métrage. Je vous conseille de voir cette version. Mais je dois dire qu’au sortir du premier visionnage, sans musique, j’étais quelque peu perplexe. Je peux apprécier le cinéma expérimental, je n’ai rien contre les tentatives d’approfondissement des possibilités du medium, mais pour moi, voir un film, ce n’est pas seulement observer des performances techniques ou des inventions dans les procédés, mais d’abord et avant tout vivre une expérience fondée sur une narration, une histoire, des émotions. Et ici, le film m’apparaissait de prime abord trop confus, trop labyrinthique par sa mise en abime complexe pour que je puisse bien le comprendre, saisir ce qui se ait à l’écran avant de pouvoir l’apprécier.


Je n’étais vraiment pas satisfait, il me fallait des explications, d’autant plus que le film était plutôt bien considéré. Après de rapides lectures ici ou là, j’avais encore du mal à voir dans Meshes of the afternoon le rite de age entre l’enfance et l’âge adulte, ça ma paraissait tiré par les cheveux de Maya Deren, qu’elle a néanmoins magnifiques. On est un peu dans du Escher, et Marc-Antoine Mathieu ne détesterait pas, mais le film me paraissait encore trop labyrinthique, même si j’adore les labyrinthes.


Je me suis alors davantage renseigné, sur la toile, et j’ai notamment trouvé quelques éléments d’analyse ici :


http://www.centrepompidou-metz.fr/sites/default/files/images/dossiers/2011-12-erre-INITIATION-edification.pdf


et là :


http://lilismovies.blogspot.fr/p/dossier-maya-deren.html


Sans me convaincre complètement, j’ai pu revoir le film avec une grille de lecture pouvant donner un peu de sens au film : il s’agirait d’évoquer la perte de la virginité du personnage féminin, ses angoisses et ses doutes, la recherche craintive de la relation sexuelle, et puis le age à l’acte, provoquant une désorientation, l’orgasme mais aussi la mort, par suicide, assassinat ou seulement une mort métaphorique, la mort de l’enfance et le age à l’âge adulte. Le tout étant exprimé d’une façon que je trouve excessivement symbolique, avec la fleur, symbole de virginité, mais aussi des symboles phalliques ou significatifs comme le couteau ou la clef. Mais sans quelques clefs de lecture, il est difficile d’y voir un tant soit peu clair.


Bref, ce film est intéressant, mystérieux et fascinant par la mise en abime, la confusion entre le rêve et la réalité, mais un peu trop difficile d’accès à mon goût. Un film avant-gardiste assurément, un peu surréaliste même si Maya Deren refusait de l’associer à ce mouvement par sa construction bien précise ; un film féministe pour certains, ce qui n’est pas si évident. Mais par son rôle de réalisatrice et d’actrice principale, la création de ce film était déjà un geste féministe, dans une société où les rôles des uns et des autres étaient encore bien délimités. Ce n’était pas rien.

Créée

le 17 avr. 2015

Critique lue 3.3K fois

41 j'aime

4 commentaires

socrate

Écrit par

Critique lue 3.3K fois

41
4

D'autres avis sur Meshes of the Afternoon

Songes d’une après-midi d’adversité

Encore un film difficile de Maya Deren, vu quelques jours après At land de la même cinéaste, mais sorti un an avant lui, en 1943. A l’origine, le film était complètement silencieux ; en 1959, son...

Par

le 17 avr. 2015

41 j'aime

4

Critique de Meshes of the Afternoon par Alligator

Très intéressante initiative expérimentale de la belle Maya Deren qui propose là une sorte de ballets d'images en mouvement perpétuel (je n'ai pas souvenir d'un seul plan fixe). Difficile de ne pas...

Par

le 23 janv. 2013

9 j'aime

1

Chaos reigns.

Film expérimental dans la lignée d’Un chien andalou et Le sang d’un poète. 14 minutes muettes, tout en boucle, apparitions/disparitions mystérieuses et délires compulsifs qui appellent autant le...

le 2 janv. 2017

4 j'aime

Du même critique

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

Par

le 12 avr. 2012

173 j'aime

76

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

Par

le 21 sept. 2013

138 j'aime

83

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

Par

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22