Charles Bande

Les années 90 furent particulièrement prolifique pour l’ogre Charles Band, ne se contentant plus seulement de produire mais également de réaliser ses propres films. Après plusieurs expériences plus ou moins fructueuses dans les années 80 (Trancers, Metalstorm, Parasite), Synthoïd 2030 marquera son grand retour derrière la caméra, suivi de Doctor Mordrid (une adaptation officieuse de Doctor Strange), Trancers II, et le cross-over Dollman vs Demonic Toys.


Le Jour de la Bête



S’il est de notoriété que Charles bande pour la science-fiction et les poupées démoniaques, il reste également un grand enfant, adepte des contes de fées et de la fantaisie. Il aime particulièrement mêler l’érotisme au registre romanesque. Il l’avait déjà fait au début de sa carrière en produisant Cinderella 2000 ainsi que Fairy Tales, une petite péloche déviante suivant les pérégrinations d’un jeune prince puceau dans un bordel en forme de bottes de sept lieues. Le casting réunissait une Blanche neige nymphette, une danseuse orientale, et toute une ménagerie d’acteurs libidineux. Au delà de son rythme stakhanoviste, le cinéaste savait également profiter des plaisirs simples de la vie.



Charles Band était également un grand amoureux de l’Italie pour y avoir é une grande partie de son enfance auprès de son père Albert Band (de son vrai nom Alfredo Antonini, née en de parents italiens avant qu’il n’immigre aux Etats-Unis). Il s’y plaisait tellement qu’il racheta les studios de Dino de Laurentiis (Dinocittà) avant de les perdre suite à la banqueroute d’Empire. Durant ses années fastes, il fit également l’acquisition d’un château. Le Palais Ducale de Giove servira de décors à plusieurs productions (The Pit and the pendulum, Castle Freak) dont ce Meridian le baiser de la Bête. Le projet était en « gestation » depuis prêt d’une décennie. En effet, Band rêvait de pouvoir tourner un film dans les jardins du Parco dei Mostri situé près de Rome. Cette variation bis de La Belle et la bête lui en aura donc enfin offert l’occasion.



De son propre aveu, Meridian le baiser de la Bête est l’un des films préféré de Charles Band (parmi de nombreux…). L’idée était de livrer une sorte de conte érotico-gothique mêlant malédiction familiale et romance zoophile. Le scénario écrit par Dennis Paoli (Re-Animator, From Beyond) s’écarte légèrement de l’histoire de Gabrielle Suzanne de Villeneuve, même s’il touche à des thématiques communes comme l’amour, le regard des autres, et la quête de rédemption. Le prince charmant est ici réduit à un saltimbanque de foire itinérante et la captive aux yeux clairs devient la maîtresse de maison. Seul l’amour pourra ainsi délivrer la bête de son sortilège.


La part animal de l’acteur ne se manifestera que durant les ébats langoureux et sensuels. Une manière de caractériser les pulsions primitives et parts d’ombres de l’homme tiraillé par ses démons et tourments intérieurs. Mais les esprits les plus mal placés pourront y voir une bête de sexe au sens noble du terme. Pour éviter l’inimitié du public, le scénariste y ajoute l’influence d’un jumeau maléfique violent et odieux avec les femmes, contrairement à son frère qui n’a que son apparence de monstrueuse. Le producteur était également parvenu à attirer Sherilynn Fenn dans ses filets, l’actrice vu dans la série Twin Peaks n’hésitait pas à donner de son corps en faisant tomber le haut.


Romance Bestiale



Si les scènes érotiques auraient pu paraître complètement absurde voir vulgaire en raison de la caractérisation assez pitoyable de cette créature pastiche d’un wookie, il n’en est rien grâce à la plastique de la comédienne. En revanche, on ne peut pas en dire autant des transformations réalisées à l’aide de simple fondu enchaîné faisant pâle figure comparés aux tours d’illusionnistes de Rick Baker (Le Loup-Garou de Londres) ou de Rob Bottin (Hurlements).



Mais l’intérêt de Meridian Le Baiser de la bête réside d’avantage dans son travail d’atmosphère nimbé d’effets de brume et d’une composition romantique de Pino Donaggio (Blow out, Body Double). Marc Ahlberg le directeur photo a su mettre en valeur le faste de son fabuleux décor, et insuffler une ambiance à la fois mystérieuse et lyrique dans ces jardins parsemés de figures abstraites et de statues monstrueuses. À l’instar de son nain machiavélique (Phil Fondacaro), le film sait nous inoculer son poison, si bien que l’on finit sous l’emprise de ces étreintes bestiales. Le réalisateur n’hésite d’ailleurs pas à ab de notre encéphale par ses nombreuses visions oniriques et orgasmiques. Evidemment cette adaptation de La Belle et la Bête sera largement occulté par le succès du film d’animation des studios Disney.


Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !

6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Full Band Cinematic Universe

Créée

le 12 févr. 2025

Critique lue 9 fois

1 j'aime

Le Roy du Bis

Écrit par

Critique lue 9 fois

1

D'autres avis sur Meridian - Le Baiser de la bête

Charles Bande

Les années 90 furent particulièrement prolifique pour l’ogre Charles Band, ne se contentant plus seulement de produire mais également de réaliser ses propres films. Après plusieurs expériences plus...

le 12 févr. 2025

1 j'aime

Du même critique

Whiplash
10

I’m Upset

On ne nait pas en étant le meilleur, on le devient au prix d’un travail acharné et d’une abnégation sans faille. Le talent n’est pas inné, il se développe et se cultive par un entraînement rigoureux...

le 17 juil. 2023

8 j'aime

21

Golden Shower

La vie est une partie à laquelle chacun d'entre nous est convié, certains choisissent d'y prendre part et de brûler la chandelle par les deux bouts, d'autres de rester accoudés au bar, et certains de...

le 2 janv. 2024

7 j'aime

3

Le Projet Chaos

Parfois le sort ne cesse de s’acharner, et les majors Hollywoodiennes de produire de nouvelles suites et de nouveaux calvaires à faire endurer à leurs héroïnes comme Ellen Ripley. On lui avait enlevé...

le 14 août 2024

7 j'aime