MaXXXine
6.2
MaXXXine

Film de Ti West (2024)

Adios, slow-burnes...

Tremblez, tueurs, Mia Goth chausse du 41. MaXXXine, c'est littéralement une victime qui lève son talon haut de femme sur-sexualisée, et écrase de tout son poids l'entrejambe masculine du cinéma d'horreur (et du X). Pas un seul plan poitrine gratos, mais à la place, un gros plan "paf la pastèque" d'un tueur au couteau "stéréotype" : et ça fait un bien fou. Tout en mettant l'Amérique face aux procès d'intention des œuvres "hors bonnes mœurs" des années 80 (traductible par : "Hérétiques, au bûcher !"), tout en redonnant ses lettres de noblesses à l'industrie du X (souvent méconnue / jugée / conspuée), et en laissant son actrice-fétiche s'éclater encore une fois devant sa caméra, Ti West rempile pour conclure sa trilogie déjà culte pour tout amateur de films d'épouvante (X / Pearl / MaXXXine). On embarque donc dans un thriller gorgé d'amour pour le cinéma classique (Psychose, Christine, Le Crocodile de la mort...), davantage tourné vers l'enquête que vers l'horreur (et c'est loin d'être désagréable : on se croit dans un bon vieux giallo, la misogynie en moins), dans lequel on cherche un tueur mystérieux qui ne s'en prend qu'aux vedettes du X, et qui essaie de

faire chanter Maxine avec les cassettes tournées pendant le séjour à la ferme (X)...

On ne dira rien, mais le final nous a bien plu. Le casting est (positivement) démesuré par rapport à ce que le film pouvait espérer (Kevin Bacon en ripoux, Giancarlo Esposito en manager prêt à tout pour protéger sa pouliche, Michelle Monaghan et Bobby Cannavale qu'on aime vraiment d'amour, Lily Collins et Elizabeth Debicki - respectivement Emily in Paris et Diana dans la série The Crown...), et on sent que tout ce petit monde s'éclate à participer à ce film hommage-critique (avec une pertinence rare) au cinéma d'horreur sexualisé. Inutile de dire que l'ouverture sur du ZZ Top nous a fait secouer les jambes, qu'on adore le casting, que toutes les réf' cinéphiles nous régalent sans jamais prendre le pas sur l'intrigue, les scènes d'action sont toujours bienvenues dans ce slow-burn ("les films où il ne se e quasiment rien pendant 1h30 jusqu'à ce que tout explose à la fin", ce qui fait qu'on a du mal avec 90% de la filmo de Ti West, le spécialiste du slow-burn horrifique). MaXXXine est justement le mieux rythmé de ses films, on ne s'ennuie pas même si le gore est rare (c'est plus un thriller), même si l'on remarque que le bonhomme (et Mia Goth) mettent le paquet à la fin (qui nous a encore fait plaisir,

après une petite frayeur sur une fausse-fin archi-nulle...

Qu'il est malin, ce Ti West !). En inversant la vapeur dans la misogynie de deux genres cinématographiques (le X et l'horreur, et parfois les deux mêlés), pour en faire un "constat-hommage-brûlot" ultra intelligent et copieux, pour laisser Mia Goth irradier plus fort que les projecteurs, pour nous embarquer dans une chouette enquête avec un casting inespéré, MaXXXine est certainement notre préféré de la trilogie.

7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2024

Créée

le 2 août 2024

Critique lue 25 fois

1 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 25 fois

1

D'autres avis sur MaXXXine

A Monster Is Born!

Le voilà enfin ce troisième volet d'une trilogie (?), sorti bien après les deux précédents que sont X et Pearl. Je l'attendais avec une certaine impatience, d'autant plus que les autres avaient été...

Par

le 31 juil. 2024

35 j'aime

20

Star système

Avec X, Ti West tentait de renouer avec le feeling craspec de Massacre à la Tronçonneuse. Tout en exaltant dans un même mouvement une certaine idée de l'industrie du cinéma des années soixante-dix et...

le 5 août 2024

26 j'aime

Pour les fans des films des années 80 de De Palma et Carpenter

Avouons-le tout de go, afin d'éviter tout malentendu : nous sommes des fans absolus du cinéma de John Carpenter et de Brian De Palma. Oui, même de leurs films seulement à demi-réussis que nombre de...

le 3 août 2024

22 j'aime

6

Du même critique

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

Par

le 9 oct. 2021

54 j'aime

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

Par

le 29 juil. 2021

49 j'aime

Notre Palme d'or 2024 !!!

On sortait de plusieurs drames "qualitatifs mais pompeux" (on va le dire poliment) dans ce Festival de Cannes 2024, alors quand vous vous asseyez en bout de rangée (Team Last Minutes), et que le papy...

Par

le 28 mai 2024

47 j'aime