Max est flic, un flic fou de justice, extrémiste de l’ordre et psychopathe de la morale, c’est peu dire qu’il est inquiétant. Le genre de type qui plombe une soirée entre potes tant il est lourd... Il vit seul, divorcé il a vendu son âme à son métier et sacrifie tout pour un idéal qui a fait le vide autour de lui, on le sent vite à deux doigts de péter un câble, un plomb et une durite. Mais Max en a assez, assez de la frilosité de sa hiérarchie sur les moyens à employer face aux criminels, assez de voir les braqueurs de banque se rire de la police, surtout se rire de lui. Alors Max décide d’employer les grands moyens, des moyens aussi extrêmes que lui qui vont le pousser à créer lui-même le hold-up qu’il se fera un plaisir de déjouer. Son plan est simple mais assez risqué : pousser une petite pute, petite ami d’un petit malfrat à suggéré à ce dernier de commettre un petit casse qui lui permettrait de sortir de sa vie végétative. Max s’occupe de suggérer à la fois le lieu et la date du casse, il ne lui restera plus qu’à cueillir les braqueurs à la sortie.
Encore une fois Claude fait Sautet la banque, cette fois au sens propre. Encore une fois il explore la vie parisienne et sa banlieue, décortique la faune d’une capitale bourrée de principes moraux et ignorante d’une vie au-delà du périphérique. Le casting aligne gueules et stars, Michel Piccoli captivant dans sa défense des valeurs morales et effrayant tant on sent qu’il est prêt à tous les dérapages pour faire coffrer le premier criminel qui aura le malheur de croiser son chemin. Sur son chemin justement, Romy Schneider en pute (sexy !!!) qui ressent son métier comme une tumeur dont on pense être débarrassé et qui revient toujours. Les gueules évidemment avec Bernard Fresson, sorte de gros ours bien léché qui ne ferait pas de mal à une mouche mais qui ne sait plus comment faire pour avoir sa part du gâteau et ne pas perdre sa petite pute. Michel Creton et Philippe Léotard qui n’auraient presque pas besoin de jouer tant voir leur tête à l’écran suffit à rendre heureux le cinéphile.
Des fleurs Sautet en a reçu des wagons entiers dans sa carrière, son film est comme toujours magnifiquement juste et maitrisé, ce n’est pas du professionnalisme messieurs dames, c’est de l’art. Un géni trouve un sujet, le laisse germer dans son imaginaire, puis il trouve les acteurs, le budget, le scénario et la musique qui permettront de faire éclore son chef-d’œuvre. Sautet plaisait à tout le monde, à l’élite et à la plèbe, tout le monde peut ressentir et comprendre que Max est border-line, chacun se posera la seule question qui importe à la fin du film : savoir si justice à vraiment été rendue quand on déjoue un casse qu’on a soi-même provoqué et honnêtement, la question reste posée même après le mot fin.