Probablement un des premiers films parlants made in , et pourtant, malgré ses 85 ans, Marius se déguste avec gourmandise. La simplicité de l'histoire et la rigidité de la mise en scène (un peu "théâtre filmé") ne m'ont jamais dérangé. Il faut dire que la qualité des dialogues et l'énergie que déploient les acteurs pour les faire vivre gomment toutes les imperfections... Et puis, Pierre Fresnay l'Alsacien avec l'accent marseillais, ça n'a pas de prix.
Mais c'est bien Raimu le personnage le plus gouailleur et l'acteur le plus époustouflant. Il EST César. Chacune de ses apparitions est une réussite, dans quelque registre que ce soit (comique ou plus mélodramatique, dans la relation avec son fils vers la fin notamment). Certains ages m'ont semblé un peu longs, mais cela n'a jamais entaché l'enthousiasme de l'ensemble et la verve qui transpire de la quasi totalité des interprétations. Et ces dialogues, honnêtement, j'adore, tout en observant un phénomène étrange : c'est dans les silences et les non-dits que se trouve l'essentiel de l'émotion, cette pudeur omniprésente. Et enfin, plus personnellement, cette image du Vieux Port que je ne connais que très peu mais dont j'apprécie beaucoup le reflet vieux d'un siècle que le film me tend.
Mon florilège :
"Il ne ait jamais au soleil, de peur d'avoir à traîner son ombre."
"Quand on fera danser les couillons, tu seras pas à l'orchestre."
"- Tu mets un tiers de curaçao, mais attention, un tout petit tiers. Un tiers de citron. Un bon tiers de Picon. Et alors un grand tiers d’eau.
- Et ça fait quatre tiers !
- Et alors ?
- Eh bien, dans un verre, il n’y a que trois tiers !
- Mais imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !"
[Avis brut #24]