Tornatore s'est rendu dans l'Italie profonde pour réaliser cette merveille. Un film si bon qu'en parlant de cinéma, il devient autobiographique de cet art. S'imaginant dans une Sicile d'après-guerre toujours ennemie de la réunification mais qui n'assume en rien d'être échauffée par le soleil, la misère et la mafia, il situe Sergio Castellitto dans un rôle parfait renfermant fermement son secret, qui va tout naturellement devenir le lien entre le spectateur et ce qu'il contemple.
Techniquement au poil, L'Uomo delle Stelle est une comédie vraiment drôle, pleine de facétie, qui ne se moque de personne parce qu'elle se moque de tout le monde, faisant rentrer l'arnaque dans son propre rôle à plusieurs niveaux qu'il serait spoilant mais enrichissant de contempler. Les personnages ent et ne se ressemblent pas, faisant fonctionner une machinerie qui va loin avec le carburant de la langue et de la culture siciliennes. Il y a quelques ventres mous qui laissent à voir la gaucherie d'un personnage principal jamais tout à fait satisfaisant... mais n'est-ce pas fait pour ?
C'est presque un film à sketches, qui évolue avec rapidité mais avec grâce de chapitre en chapitre, de personne en personne, d'acteurs touchants à des acteurs comiques, sans jamais trahir de partialité. Vraiment plein d'émotion, on regrette juste parfois que chaque séquence ait dû être limitée en durée pour garder un bon rythme, mais on se rendra compte que la densité du contrecoup en dialogues de qualité (ah ce que l'on perd de ne parler italien maternellement !) et en cadrages bien facturés vaut bien le coup.
Quantième Art