Alladin Sane
En anglais le terme "maniac" peut se traduire de deux façons: fou, ou bien malade. C'est une question de point de vue me direz vous; ce à quoi je vous répondrai que pour beaucoup la première...
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le 19 juin 2012
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Pouah, dans Maniac de William Lustig, sorti en 1980, on évolue dans le New York lourd, poisseux, crade et insécurisant des années 70-80.
Le réalisateur William Lustig et l'acteur principal Joe Spinell (qui est aussi co-scénariste) sont tous deux New-Yorkais. Ces deux-là connaissent bien leur ville et nous emmènent dans les coins les plus glauques, les plus dégueulasses, les rues les plus trash, les stations de métro les plus infréquentables, les méandres de la Grosse Pomme.
On pense aux premiers films de Scorsese (Taxi Driver, Mean Streets, After Hours...) , on pense aussi à The Warriors de Walter Hill ou au Cruising de William Fredkin. Tous investiguant et montrant ce New York creepy, ce New York sombre, fascinant, inquiétant.
Mais Maniac va un cran plus loin dans cet exercice.
Tourné sans le sou et sans autorisation pour les prises de vues urbaines (trop cher), la caméra, comme le tueur, se faufile alors dans la ville. Elle sort quand il fait noir, déambule dans les coins sombres, se terre. A l'image du tueur, elle évite les zones fréquentées, le plein jour, la foule, privilégiant les ruelles étroites, les stations de métro vides, les sous-sols oubliés, la nuit.
Via ce procédé imposé par un budget plus que restreint, on voit New York comme rarement on l'a vue au cinéma. Loin du faste et des paillettes, loin de Manhattan, de Central Park et de ses prestigieux buildings. Loin même des places, des avenues, des night-clubs qui peuplent des films comme Taxi Driver ou Cruising. Non, ici, William Lustig n'a même pas le luxe de montrer ce New York-là. Il mise donc sur les recoins sombres, les zones obscures, la ville hostile, là où personne ne va jamais. Ce sont de petits groupes, des commandos (d'étudiants), qui vont alors s'infiltrent pour filmer là où personne n'ose aller. Qui posent leur caméra dans des zones reculées, oubliées, infréquentables de cette ville tentaculaires.
Ajoutez un tueur fou, scalpeur de femmes dans l'équation et, bim, vous obtenez Maniac.
Film réussi parce travaillant honnêtement avec une matière brute de première qualité : un bon scénario et le New York défriché, aujourd'hui disparu et dont le film témoigne.
Si d'autres productions fauchées de l'époque avaient tendance à en faire trop et à nous balancer des projets complètement pétés en pleine face, ici, c'est tout l'inverse.
Alors oui, on sent quand même ici ou là que ça ne roule pas sur l'or, mais c'est largement compensé par un dispositif filmique unique, permettant des prises de vues rares . Le tout inclus dans une trame générale sobre et particulièrement efficace : un tueur rôdant dans une ville poisseuse à la recherche de ces victimes. Simple. Basique.
William Lustig expliquera lui-même qu'au sortir de la production d'une série de films pornos largement rentabilisés, il investit une manne de 135 000 $ dans le projet Maniac monté de bric et de broc (pas de scénaristes, c’est Joe Spinell qui s’en charge, pas d’actrices, on recrute des pornstars de l’époque, etc.).
Dans ce joyeux bordel, la présence du génial Tom Savini aux maquillages apporte néanmoins une véritable touche de professionnalisme. Par à-coups, par irruption, le sentiment de faibles moyens disparaît complètement lors des scènes de scalps par exemple. Ces dernières se distinguent par leur impact visuel brutal, leur réalisme, leur gravité. Et ça marche !
Il ressort de Maniac une ambiance singulière, marquée par le rendu poisseux des prises de vue new-yorkaises, l'utilisation de maquillages particulièrement efficaces, et la performance troublante d'un Joe Spinell au top de son art. Ensemble, ces éléments confèrent au film une aura assez unique. Avec ses moyens dérisoires et sa narration minimaliste, William Lustig réussit donc à transformer une série de contraintes en véritables atouts, offrant un thriller viscéral qui continue de marquer les esprits. Offrant un thriller viscéral devenu film culte.
Bravo !
Créée
le 2 déc. 2024
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