Mandarines
7.6
Mandarines

Film de Zaza Urushadze (2013)

t Eurasie Area

En voilà une bonne surprise venue de nulle part... Il n'y a rien de transcendantal en soi, mais il y a certaines choses qui sont toujours bonnes à être redites, dans d'autres contextes comme ici la guerre d'Abkhazie. Le doux parfum estonien / géorgien n'est pas non plus pour me déplaire, ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de voir des films provenant de cette région du globe. Pour contextualiser, Tangerines, c'est un peu à ce coin perdu entre les montagnes du Caucase et la mer Noire ce que t Security Area était aux deux Corées. J'allais aussi le comparer au surprenant film de Wolfgang Petersen que j'aurais aimé découvrir enfant, Enemy Mine, mais ça pourrait s'avérer moins productif...


Au-delà du cadre original et bien travaillé du récit, au-delà de la réalisation soignée, très appréciable tout en sachant rester discrète, on peut aussi voir ce film comme un petit rappel historique sur la guerre d'Abkhazie du début des années 90, en Géorgie. Bref aperçu uniquement, introduisant tout juste les forces armées en présence, et la base d'une sorte de huis clos sous tension. L'évolution des rapports de force est très simple, deux soldats blessés issus des deux camps soignés par des paysans estoniens occupés à cultiver leurs tangerines. On se toise, brute tchétchène contre homme de culture géorgien, mais deux soldats tout de même : on se sonde, on découvre des faiblesses en même temps qu'on s'apaise et prend du recul. Finalement, c'est quoi la différence entre un Tchétchène et un Géorgien, si ce n'est leur langue et leur religion ? Une question simple, mais bien amenée, sans emphase. On finit même par s'émouvoir des touches d'humour et d'affection de la part d'une montagne de muscles et de poils. Bon, c'est vrai, on rigole aussi quand on voit la mise en scène ratée d'une fusillade impromptue, conséquence d'un budget inférieur au million d'euros j'imagine, mais ons.


Il y a une opposition intéressante entre la violence contenue à l'intérieur des quatre murs de la vieille maison d'Ivo, qui abrite les deux soldats prêts à s'entretuer au début, et la beauté calme des paysages ruraux d’Abkhazie. Tangerines, c'est aussi la vie qui continue, malgré tout, rythmée par des gestes et des devoirs quotidiens même en pleine guerre. Le film emprunte certains ages faciles (au hasard, une troupe de soldats russes bien énervés, deus ex machina à l'origine d'un bain de sang mal orchestré et d'un final opportuniste et expéditif, seul gros bémol de cette heure et demie), la morale pourra paraître un peu bébête (la guerre c'est mal, apprenons de nos différences), mais il y a une forme de simplicité et de modestie, loin de tout pathos, qui sont plutôt appréciables dans le cinéma de ces dernières années abordant ce genre de thématiques.


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le 29 sept. 2015

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Morrinson

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