Île de Marajó, au cœur de la forêt amazonienne. Nous suivons Tielle, 13 ans, qui grandit dans un environnement magnifique, mais défavorisé et difficile. Cependant, sa vie va être rendue encore plus difficile, mais cette fois au sein même de son environnement familial.
Une histoire rude, qui était initialement prévue, d'après ce que j'ai pu comprendre, pour être un documentaire. Marianna Brennand Fortes transformant celui-ci en film de fiction collant au plus proche des témoignages qu'elle a pu recevoir.
Le film embrasse pleinement et avec réussite son sujet. Visuellement, c'est somptueux. La réalisatrice sublime un environnement magnifique, sans jamais esthétiser la violence. On ressent tout à la fois la beauté des décors naturels, mais également le côté malsain et inquiétant de certaines situations. Parfois lors d'une même séquence, comme par exemple lors des scènes de "chasse", avec ces plans magnifiques en barque, tendant à devenir presque poisseux et inquiétants, ou encore une autre ou les enfants nagent avec leur père, qui se recouvre le visage de boue, devenant une monstruosité inquiétante, au milieu d'un décor et d'une luminosité pourtant presque apaisante. Le travail sur le hors-champ et la suggestion donne encore plus de puissance à l'ensemble (cette première scène de chasse au paca par exemple...).
Enfin, il faut mentionner également l'interprétation parfaite du casting, notamment celles de Fatima Macedo et Jamilli Correa, respectivement dans le rôle de Danielle, la mère de Tielle, et de cette dernière.
Manas se révèle être une grande réussite, un film maitrisé à tous les niveaux, que je vous recommande donc complètement.