Visiblement à court d'idées, les studios Disney semblent désormais partis pour retranscrire en live les titres les plus emblématiques de leur catalogue, comme en témoigne ce Maléfique, premier film de Robert Stromberg, spécialiste des effets spéciaux (en lieu et place du Tim Burton annoncé) première pierre à un édifice dont il faudra compter également Cendrillon, Dumbo ou même encore Le livre de la jungle.
A l'instar du Monde fantastique d'Oz de Sam Raimi, Maléfique s'attarde sur les origines d'un des personnages les plus marquants du conte, en prenant bien soin d'ajouter à sa caractérisation une certaine humanité, les spectateurs ne pouvant décemment pas se prendre d'affection pour une pourriture intégrale.
Si l'idée d'un nouveau regard sur une histoire archiconnue n'était pas mauvaise en soit, tout comme le détournement de ses figures imposées et ô combien manichéennes, le résultat s'avère malheureusement catastrophique, à l'image du traitement de sa "maléfique" héroïne. Complexe et tragique sur le papier, le destin de cette fée trahie par les hommes tombe complètement à plat, la faute à une écriture laborieuse transformant une méchante d'anthologie en ange gardienne un peu goth et finalement bien intentionnée, n'essayant même pas de corrompre la gentille princesse à la manière de Darkness, vraie graine de salopard partouzeur de droite, lui.
Pétri de bonnes intentions, le film de Robert Stromberg se plante malheureusement sur tous les tableaux, embourbant son récit dans une niaiserie confondante et tuant dans l'oeuf tout suspense et tout souffle épique, Maléfique étant d'une mollesse assez transcendantale. Pire, les éléments incontournables du conte perdent totalement de leur substance, de leur portée, et ne finissent par ne devenir que des péripéties anecdotiques, voir en contradiction totale avec le récit d'origine.
Navrant d'un point de vue narratif, Maléfique l'est tout autant en ce qui concerne sa forme. Si l'on excepte deux ou trois plans témoignant de ce que le film aurait pu être, la mise en scène s'avère incapable d'apporter le moindre rythme, la moindre recherche formelle un tant soit peu originale, le résultat ressemblant à un simple téléfilm cheap diffusé en fin d'année sur la TNT. Tout simplement hideux, les effets spéciaux n'arrangent rien à l'affaire (un comble quand on pense à l'expérience de Stromberg dans le domaine), qu'ils s'agisse des créatures en CGI, laides, ou des incrustations numériques.
Séduisant dans les faits, le casting ne peut absolument rien face à la vacuité de 90 % des personnages. Que ce soit les fées, crispantes, Sam Riley en corbeau ou encore l'adorable Elle Fanning en princesse niaiseuse et stupide ("Vous êtes Maléfique !" remarquera-t-elle au bout d'une heure, le temps d'un fuguasse éclair de perspicacité face à une méchante ayant pourtant toute la panoplie de la vilaine en chef depuis le début), aucun de ces protagonistes n'est véritablement utile à une histoire ne concernant finalement que la fée revancharde et le roi l'ayant trahie. Mais ni Angelina Jolie, paumée sous un maquillage outrancier et une avalanche de CGI, ni Sharlto Copley, mauvais comme un cochon, ne parviennent à convaincre.
Statique, laborieuse, laide et ratant toute tentative d'heroïc-fantasy digne de ce nom, Maléfique est une relecture ratée malgré une idée de départ loin d'être stupide. On dira ce qu'on voudra mais malgré leurs défauts, des oeuvres comme Legend, L'histoire sans fin, Ladyhawke ou même Willow avaient infiniment plus de charme que cette chose boursouflée à 200 000 000 de dollars.