Le pendant cinématographique d'un t-shirt "We should all be feminists"

Quand j'ai vu, que d'une façon ou d'une autre, Netflix était impliqué dans ce long-métrage j'ai su que j'allais er un mauvais moment. De fait, cette plateforme a le pouvoir d’aseptiser tout sur son age, y compris le talent des plus grands réalisateurs (Il n'y a qu'à voir le dernier Jane Campion pour avoir un autre exemple flagrant).


Ce qui fait le sel de la plupart des films d'Almodovar c'est leur façon d'évoluer dans le mélo sans jamais tomber dans le pathos mais avec toujours une résonance émotionnelle forte grâce à l'écriture et la caractérisation de ses personnages. Mais ici les personnages sont juste des archétypes mélodramatiques sans relief ne véhiculant aucun attachement, empathie ou identification. Il peut leur arriver tous les malheurs du monde (ce qui est le cas ; grosse avalanche de clichés télénovelesques), on s'en branle comme de notre première chaussette.


Le film pèche aussi dans le traitement de ses thèmes et se disperse trop. Tout n'est qu'effleuré, jamais creusé, précipité. J'ai lu çà et là que Madres paralelas devait être loué pour son propos politique, sa dénonciation des exactions franquistes ... Bon les cocos, va falloir arrêter de sniffer des rails de coke sur des strip-teaseuses toxicos, ça altère sérieusement votre perception... Le film dure 120 minutes et on parle de guerre pendant genre 15 minutes. 5 minutes au début et 10 minutes à la fin. Et le Pedro voudrait nous faire er ça pour du Ken Loach. Je me gausse. En parlant de gausserie, le plan de clôture est juste "beyond corny" (je sais pas si l’équivalent du mot "corny" existe en français mais c'est le seul qualificatif qui me vient instantanément à l’esprit pour décrire ce que j'ai vu à l'écran).


Je pense que j'ai vu presque l'ensemble de la filmographie d'Almodóvar et c'est sans conteste l'une de ses œuvres les plus indigentes sur tous les plans (même les couleurs d'habitude si flamboyantes semblent ici fadasses). Et puis c'est quoi ces innombrables fondus au noir ? C'est de loin le type de transition le plus fainéant.


En guise de conclusion, Madres paralelas est un peu le pendant cinématographique d'un t-shirt "We should all be feminists" : commun, convenu, anecdotique et surtout fucking corny (oui, j'aime bien ce mot).

5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Love of Cinema in the Time of Corona : Un top 20 de l'année écoulée

Créée

le 2 déc. 2021

Critique lue 4.7K fois

42 j'aime

16 commentaires

Tex_AS

Écrit par

Critique lue 4.7K fois

42
16

D'autres avis sur Madres paralelas

Le pendant cinématographique d'un t-shirt "We should all be feminists"

Quand j'ai vu, que d'une façon ou d'une autre, Netflix était impliqué dans ce long-métrage j'ai su que j'allais er un mauvais moment. De fait, cette plateforme a le pouvoir d’aseptiser tout sur...

Par

le 2 déc. 2021

42 j'aime

16

Mères entre elles !

Pedro Almodovar et son goût pour les couleurs vives excellent dans les portraits de femmes. À son meilleur, il est tout à fait capable d'atteindre le niveau des Cukor, Mizoguchi et Naruse. Madres...

Par

le 4 déc. 2021

36 j'aime

12

Les couleurs de la maternité

Avant tout, il y a ce bonheur renouvelé des couleurs chaudes d'Almodovar et de sa science du montage, qui nous fait er avec fluidité d'une temporalité à une autre, avec ellipses, ou pas. Madres...

le 23 oct. 2021

29 j'aime

4

Du même critique

Le pendant cinématographique d'un t-shirt "We should all be feminists"

Quand j'ai vu, que d'une façon ou d'une autre, Netflix était impliqué dans ce long-métrage j'ai su que j'allais er un mauvais moment. De fait, cette plateforme a le pouvoir d’aseptiser tout sur...

Par

le 2 déc. 2021

42 j'aime

16

L'invasion des profanateurs de pop culture

Ma grand-mère disait toujours : "Gamin, il y a une fine frontière entre l'art et le nanar". Illustration empirique ici.J'ai aimé (dans l'ordre) :- les (trop) rares apparitions de Carpentier et Van...

Par

le 22 févr. 2024

38 j'aime

19

Là où pousse la guimauve

Bah en fait... Comment dire... On dirait que la réalisatrice s'est contentée de lire le résumé figurant sur la quatrième de couverture et en a fait un film de plus de deux heures. Il n'y a absolument...

Par

le 21 août 2022

32 j'aime

2