Machete est un film de duel entre estrogènes et testostérone, entre les bras gros comme mes cuisses de Danny Trejo et les fesses rondes comme des mangues poivrées de Jessica Alba.
Comme toujours, Rodriguez assume son cinéma de l’excès, du toujours plus mais cette fois sans ses habituels zombies sanguinolents. Si le cinéma de Rodriguez fonctionne aussi bien, c’est parce-qu’il n’est pas prétentieux, qu’il assume ce qu’il est et qu’il le fait très bien. C’est peut-être aussi (et surtout) parce-que Robert Rodriguez est encore un môme dans sa tête, pas un môme à la manière de Spielberg produisant les Goonies, plutôt un môme façon adolescent pré pubère qui rêve d’avoir dix kilos de muscles dans chaque bras pour castagner du méchant et coucher chaque nuit avec les plus belles filles de la planète, de préférence plusieurs à la fois.
Si le scénario de Planète Terreur tenait sur un ticket de métro, celui de Machete tient sur un timbre poste, mais on en n’a strictement rien à faire. Machete, ex-fédéral devenu plus personne est embauché pour tuer un sénateur US farouchement anti-mexicains, mais c’est un piège et Machete va se venger et sa vengeance sera…tranchante comme une machète. Voilà pour le pitch, le reste n’est qu’action débridée, têtes coupées, humour absurde qui fait exploser de rire (comme l’entrée des jumelles infirmières en jupe certainement pas réglementaire). C’est évidemment surjoué dans le but unique de grossir le trait, Danny Trejo aligne pendant tout le film la même mine imible soulignée d’un regard d’acier trempé. Don Johnson est un exceptionnel salopard fasciste, Bob De Niro nous rappelle à son bon souvenir en sénateur pathétique, Jessica Alba étale sa plastique irréprochable, elle est payée pour ça. Steven Seagal est comme toujours, charismatique depuis, qu’il a abandonné les films d’actions stupidement basiques.
Le film est une suite trépidante de scènes d’actions complètement allumées parfois à la limite de la crédibilité, mais on a déjà vu pire avec Mission Impossible ou Die Hard, ça explose dans tous les coins de l’écran, les exécutions les plus sommaires succèdent aux fusillades tonitruantes, c’est bruyant comme c’est pas permis, coloré, visuellement imparable, bref une petite bombe de plaisir primaire et salutaire ! Ce film est un véritable met de roi destiné à tous les amateurs de gros muscles, de grosses cylindrées, de gros calibres, de gros n’importe quoi et de gros seins, quand Michelle Rodriguez (pistonnée !) se pointe en tenue cuir taille ultra-basse, ce sont tous nos souvenirs d’adolescents à la découverte de la beauté du corps féminin qui ressurgissent, nous laissant la larme à l’œil, nostalgiques d’une époque bénie. Alors si jamais vous tentez de voir ce film avec votre chérie, assurez-vous tout d’abord qu’elle a un seuil de tolérance à la jalousie plutôt élevé. Ce film est du Rodriguez d’appellation d’origine contrôlée qui ne s’encombre pas de considérations cérébrales, mais ne prend pas non plus le spectateur pour un inculte if devant son écran, un filet de bave au coin des lèvres. Il parie sur l’idée que, quel que soit le genre cinématographique, il est possible d’y réaliser un chef-d’œuvre, avec Machete il y est presque.