Comment noter un film par rapport à d'autres films qui n'ont rien à voir, avec des nationalités différentes, des genres différents, des scénarios différents, des budgets différents et d'époques différentes ? Un dilemme que tout critique est amené à se poser à un moment ou à un autre. Un critère est la mémoire : se rappelle-t-on d'un film des semaines, des mois après l'avoir vu ? Un autre est le divertissement : a-t-on é un bon moment ? On peut aussi mesurer un film à l'aune de son ambition manifeste : a-t-il atteint son but ?
C’est bien ma chance ! (titre qc, bonne transcription du titre original Just my Luck!) atteint son but. Ce n'est pas un grand film (quoique...) mais il n'en a jamais eu l'ambition. Il vous donne « ce que vous êtes venus voir en connaissance de cause ». Il s'agit donc d'une comédie romantique, plus comédie que romantique, qui repose complètement sur son scénario, à savoir une fille chanceuse et un mec malchanceux qui ne se connaissent pas mais qui échangent un baiser par hasard au cours d'un bal masqué. Et la chance va changer de camp. Les gags patauds s'enchaînent ensuite à qui mieux mieux sur cette base. La protagoniste (Lindsay Lohan) va vite s'apercevoir que la bonne fortune s'échange avec un peu de salive, mais pour retrouver sa baraka, elle doit retrouver son prince charmant caché sous son masque.
Le film a beau être horripilant sous bien des aspects, ne serait-ce que par sa bande originale de boys band merdique, il est dramatisé et rythmé de main de maître. C'est une histoire drôle très stéréotypée mais échafaudée sur un prototype solide : la chance, avec une diseuse de mauvaise aventure comme personnage furtif mais decisif.
On remarquera d'ailleurs que niveau prototype, les films américains fonctionnent souvent au mérite ou à la chance, alors que les films européens sont plus empreints de déterminisme, pour le meilleur... et souvent pour le pire !