Love
6.1
Love

Film de Gaspar Noé (2015)

Gaspar no way

If I were as pleased with myself as Gaspar seems to be, I would write my text entirely in english, even if I only talk to french people,



…and I would put black cuts between each line, so everyone could have the possibility to think "woah, this is great"



every 10 seconds.


...


Il y a quelque chose de touchant, mais aussi d'un peu tragique, de voir avec quelle transparence et ingénuité Gaspar Noé se met en scène dans son dernier film. En effet, comment voir Murphy autrement qu'en avatar cinématographique du réalisateur, dont les élans et les pulsions artistiques résonnent comme autant de puérils manifestes, giclants à la figure des spectateurs (la 3D n'étant là que pour ça, au fond).


Cette profession de foi (vous avez remarquez que je ne parle pas de branlette artistique) tient en trois points:
1) 2001 c'est le plus grand film du monde.
(1 bis) Être étudiant en cinéma suffit pour te présenter au monde comme artiste, ou réalisateur)
2) Le sang, le sperme et la sueur c'est la vie (blood, sperm and tears ?), donc tous les films devraient en contenir
3) Le sexe, avant LOVE, n'avait jamais été filmé associé avec de l'amour.
(ce film est donc automatiquement génial et révolutionnaire).


Derrière ces assertions irréfutables, les conclusions se multiplient dans l'esprit assiégé du spectateur.
En prolongeant le portrait:
1) Gaspar a donc une bite de très belle taille dont il se sert énormément.
2) Noé s'aime tellement qu'il appellerait son propre fils Gaspar.
3) Gaspar a un côté fleur bleue presque aussi irritant que son goût immodéré de la provoque.


Cet auto-portrait mal déguisé permet au french-director de réaliser un vieux fantasme, en faisant gicler, au sens littéral du terme la meilleure partie de lui même sur les lunettes du spectateur (j'utilise à dessin la métaphore deux fois, Gaspar utilisant lui-même le précédé à deux reprises). Car il y a quelque chose de tout à fait adolescent dans la démarche du bonhomme: l'amour y est fruste et belliqueux, le vocabulaire restreint et répétitif, et les enjeux anémiques.
Si certain ont lu dans "love" le récit torturé des contradictions masculines et de la naissance du désir chez la femme, il est difficile de ne pas regretter que ce fond assez simple soit illustré de si pesante manière.


On peut parfaitement être transporté par le résultat obtenu, mais rien ne m'empêchera de penser qu'il est nécessaire de voir dans le film ce que l'on souhaite y trouver, plus que ce qui apparait finalement réellement à l'écran; l'association mortifère d'une romance niaiseuse emplie de poncifs empesés ("la vie, c'est que tu en fait", "on ne vit qu'une fois", "la vie c'est dur", etc etc etc…) et d'un porno triste et clinique dont seule une scène, peut-être, provoque un vague début de frémissement.


Tout espoir n'est pas d'ailleurs pas perdu. Quand Murphy/Noé se fend d'une déclaration un peu amère mais soudain empreinte d'une grande lucidité, en se demandant si tout ceci ne serait pas, au fond, qu'un ramassis de connerie, au cours d'un final stupéfiant de longueur auto-satisfaite et incapable de se circonscrire (sorte de mix improbable entre le final du retour du roi et à la Merveille, qui aura fait éclater de rire quelques spectateurs mal embouchés dans la salle), on reprend alors un (très maigre) espoir dans les capacités du type à corriger le tir pour ses prochains films.


Et dans le flot de références à prendre finaudement au 36ème degré, il y a cette magnifique scène où le héros nous fait comprendre que son créateur ne pense qu'avec sa bite, et qu'une bite n'a qu'un but: niquer le plus de monde possible.
Pour une bonne partie des spectateurs du film en tout cas, c'est gagné.
Et en la matière, il n'y avait pas besoin de 3D pour éprouver une notion de profondeur.

2
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le 23 juil. 2015

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guyness

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