Loulou (Die Büchse der Pandora) est un superbe drame social allemand réalisé par Georg Wilhelm Pabst, coécrit par Ladislaus Vajda (journaliste, dramaturge, metteur en scène et scénariste hongrois...) sur une superbe photographie de Günther Krampf (Les Mains d'Orlac (Orlacs Hände) de Robert Wiene) qui met en scéne la sublime Louise Brooks qui interprète Loulou une jolie femme moderne qu'on surnommé a l'époque (les années 20) une Flapper (a cause de leur jupe ou robe courte, cheveux plutôt courts ou coupés au carré, mœurs libres (alcool fort, cigarettes, sexe et autres...)... qui vit avec son amant (avant d’être son mari) le Dr Schön (joué par Fritz Kortner), un patron de presse, qui a le double de son âge (elle semble en 18-20 ans... tandis que lui 40..)... avant de rencontrer Alwa (joué par Francis Lederer), le fils de ce dernier... qui (amoureux de cette derniere) va monter une revue et l'engager.... et de retrouver Schigolch (joué par Carl Goetz), un vieil ami qui prétend être son père... ainsi que Rodrigo Quast (joué par Krafft-Raschig), le trapéziste (fatal pour le mari de Loulou qui finira par se suicider...)... la Comtesse (lesbienne) Anna Geschwitz (jouée par Alice Roberts) et un certain Jack l'Éventreur... Comme vous l'avez compris Loulou est une jeune femme qui ne s'encombre d'aucun préjugé, vivant pour l'amour et le plaisir et ayant même une liaison avec une lesbienne... Loulou est provocante par nature. Qu'elle marche en sautillant comme une enfant qui joue à la marelle, qu'elle soit prise d'un fou rire ou d'une colère suffocante, tous tombent dans ses filets : Schigolch, un soûlard grimaçant ; le Dr Schön, un barbichu sadique ; Alva Schön, son fils romantique ; Rodrigo, un artiste mégalomane ; Anna, une lesbienne mutique... Loulou c'est Louise Brooks... la superbe voire même la plus belle actrice du cinéma muet qui a travers trois de ses films européens en 1929 et 1930, Loulou, Le Journal d'une fille perdue et Prix de beauté... Tous largement censurés, car étant très « adultes » dans leur propos et considérés comme choquants en raison de leur affichage de la sexualité, sans compter une critique acerbe de la société... Laquelle est avec son role... étant désormais mythique.... Quel choc de voir que, en plus de quatre-vingts ans de libération des mœurs (faussement pour aujourd'hui) et d'exercices cinématographiques appliqués, personne n'a réussi à surer ce chef-d’œuvre triomphant et désenchanté... A la sortie du film, la censure transforma l'ancien amant asservi en père adoptif de Loulou, le jeune Alwa en secrétaire asexué et la prétendante homosexuelle en insipide garçonne des années 20 ! Une copie conforme aux vœux de Pabst fut remontée en 1980, et l'on put enfin mesurer l'indépendance d'esprit du cinéaste, anarchiste libertaire révulsé par l'hypocrisie morale et la voracité financière de la bourgeoisie. Pour Pabst, une seule arme peut anéantir ces puissances toxiques : le sexe. Il chuchote cette énigme dans des images hyperréalistes. Le miracle, c'est que son vérisme recèle une multitude de métaphores : l'utilisation du noir et blanc, le choix de costumes excentriques sont autant de codes à décrypter, au fil des visions... Un pur chef d'oeuvre du genre porté par l'une des plus belle actrice au monde.