Look Back
7.3
Look Back

Long-métrage d'animation de Kiyotaka Oshiyama (2024)

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C'est court mais c'est bien

Nous voilà face à un film singulier, presque à part dans le paysage de l’animation japonaise. Adapter une histoire courte signée Tatsuki Fujimoto, ce n’est pas courant. D’habitude, l’industrie préfère miser sur des séries déjà bien installées — c’est plus sûr, plus rentable. Mais il faut croire que la popularité phénoménale de Fujimoto, gonflée par une réputation « intellectuelle » (un brin surfaite à mon goût), a rendu possible cette adaptation de Look Back.


C’est aussi le premier film solo de Kiyotaka Oshiyama. On sent qu’il a beaucoup appris auprès de Yuasa, notamment sur Devilman, et son influence affleure dans les séquences de bande dessinée. Mais Oshiyama imprime sa propre marque, et c’est franchement agréable à voir. Il faut dire que Look Back était un matériau rêvé pour un film d’animation. Relire le manga m’a donné l’impression que Fujimoto avait déjà storyboardé son œuvre pour le cinéma : chaque plan semble pensé, chaque détail du décor a du sens, rien n’est laissé au hasard. On sent que le monde de Fujino et Kyômoto existe, tangible, presque palpable.


L’amitié entre les deux héroïnes sonne juste. On croit à leurs jalousies, à leurs doutes, à leurs élans de bonheur comme à leurs peines. J’ai été particulièrement touché par la scène sous la pluie, ce moment où Fujino retrouve la joie de dessiner. C’est simple, mais d’une justesse rare. L’idée d’animer les petites BD dessinées par les filles est aussi très pertinente, parfaitement intégrée à la narration — dommage que ce procédé ne soit utilisé qu’une seule fois, alors qu’il aurait pu enrichir d’autres séquences, donner plus de relief à l’évolution de Fujino, ou mieux dévoiler l’intériorité de Kyômoto, surtout dans sa dernière œuvre.


Là où le film me laisse plus réservé, c’est dans sa fidélité parfois trop littérale au manga. Certains ages censés marquer le age du temps manquent d’originalité : visuellement, on tombe dans le diaporama un peu plat, ce qui fonctionne sur papier perd ici de sa magie. J’ai plus l'âge pour un PowerPoint dans un dessin animé.


Malgré ces réserves, l’ensemble reste très réussi, sincère et touchant. On sent que le film a été fait avec le cœur. Je ne peux que le recommander à celles et ceux qui cherchent une histoire sensible, portée par une vraie vision d’auteur.

8
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le 9 mai 2025

Critique lue 6 fois

GuMY

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