Lire un livre à Téhéran: La liberté sur un plateau d’argent, cachée sous un voile d’ombre

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Lire un livre à Téhéran, vraiment ? Oui, parce que dans Lire Lolita à Téhéran, chaque page tourne avec l’énergie d’un coup de poing, même si le film ne crie jamais. Eran Riklis a choisi de ne pas nous hurler à l’oreille, il nous parle dans un chuchotement. Et c’est là toute sa force : il ne nous montre pas la répression comme une scène de guerre, mais comme une étouffante réalité quotidienne. Le film se glisse en nous, lentement, mais sûrement. Vous en ressortez avec cette petite brûlure qui refuse de partir.


Le cadre ? Un Iran post-révolutionnaire où la moindre pensée dissidente peut coûter cher. Mais il y a plus : ces femmes qui se réunissent en secret pour lire des livres "interdits", et pas n'importe quels livres. Nabokov, Fitzgerald... Rien que ça. C’est comme un coup de vent glacé qui vous fait frissonner sans bruit. Ce n'est pas un film qui en rajoute. Non, c’est un film qui laisse de la place à chaque regard, à chaque livre que l’on tourne discrètement, comme si c'était un acte de bravoure.


Les actrices. Elles sont là, présentes, mais presque absentes, comme si elles étaient en train de se fondre dans la noirceur de la pièce, de leur propre souf. C’est l’un de ces films où l’expression d’un regard, le petit tremblement de la main, peuvent raconter plus que mille mots. Il y a une pudeur dans leurs gestes, une tension qui n’est jamais bruyante. Vous n’avez pas besoin de grandes scènes de crise pour comprendre l’enjeu : juste une tasse de thé, un livre, et des gestes furtifs.


Mais ce n’est pas parce que le film chuchote qu’il est mou. Non, loin de là. Chaque scène vous gifle, mais en silence. La répression ne s’illustre pas par des coups violents, mais par la retenue, par ce que l’on ne dit pas. Et là, il faut le dire : la mise en scène de Riklis n’a rien d’extravagant, mais elle sait où elle va. Pas de grands effets de caméra, pas de mouvements frénétiques, juste une caméra posée, presque calme. Le danger se trouve ailleurs. C’est ce silence, ce vide entre les personnages qui, dans leur repli, deviennent tellement plus parlants.


Oui, c’est un film classique dans sa forme. Très, peut-être trop, calme pour certains. Peut-être. Mais franchement, fallait-il vraiment plus de fureur ? Quand l’invisible est aussi assourdissant, pourquoi surcharger l'image ? Une scène où une femme cache un livre sous son manteau, un autre moment où l’on échange un regard furtif : voilà, c’est ça la rébellion ici. Une rébellion sans éclat, mais infiniment forte.


Si je devais résumer, ce film c’est un peu comme un mot que vous pouvez à peine dire, mais qui pèse lourd. C’est la liberté sur un plateau d’argent, cachée sous un voile d’ombre. C’est subtil. Et, si vous êtes un minimum sensible à ce genre de révolte silencieuse, vous en sortirez avec ce frisson. Vous ne saurez pas exactement pourquoi, mais vous l’aurez.

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le 3 avr. 2025

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Le-Général

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