En face de l’histoire stéréotypée, strictement séquentielle (protestations, mort du dictateur, liberté), nous rencontrons le violent, lent et arbitraire du processus qui a fait la Révolution de 89 en Roumanie.
Tudor Giurgiu dresse un tableau réaliste du chaos et des troubles révolutionnaires, remet en question les histoires établies et, surtout, crée un film palpitant qui capte l'attention des spectateurs . Purgatoire, microcosme d'une société violemment hostile, scène d'un terrifiant théâtre de l'absurde, cette piscine (dans le film, plusieurs hommes sont retenus prisonniers dans une piscine désaffectée) constitue, en tout cas, une image extraordinaire. Après les premiers jours de terreur, les persécuteurs commencent à se détendre, permettant aux prisonniers d'en faire autant, et la succession de courtes séquences-vignettes relatant l'adaptation de ces derniers à la vie dans la piscine est délicatement saisissante et mémorable.
Et toute la bêtise inouïe de médiocrité de Ceausescu n’en ressort que davantage, dans ces petites lâchetés et querelles qui font la vie de ces prisonniers.