D'origine modeste, Romano (Marcello Mastroianni) a fait un beau mariage qui l'a propulsé dans une famille riche et influente. Mais, après de nombreuses années, la distance s'agrandit entre lui et sa femme Elisa (Silvana Mangano). Il faut dire que les priorités de Romano ne vont pas forcément à l'avenir de la famille ; il s'ennuie dans les affaires et les réceptions. Son comportement parfois clownesque en fait un marginal, il est trop peu conventionnel. Du coup, il est forcément rejeté par sa belle-famille, surtout sa féroce belle-mère. Et puisqu'il ne peut manifestement pas se plier aux règles, on l'envoie faire une cure dans un établissement thermal pour dépressifs et autres malades mentaux. Là, il laisse libre-cours à sa libido, ant ses nuits à culbuter allégrement différentes patientes.
Jusqu'à sa rencontre avec Anna, jeune femme venue là sans son mari et apparemment dépressive.
Pour son premier film hors-URSS, Nikita Mikhalkov fait exploser son talent et crée un film magnifique, multipliant les émotions : l'humour délirant de Mastroianni qui marche en imitant la poule au milieu d'une réception mondaine, la douce sensualité d'Anna ou sa mélancolie... Balançant entre différents sentiments qui ne se concurrencent pas mais s'ajoutent, se complètent pour faire un très beau tableau impressionniste, la caméra de Mikhalkov impose un rythme lent mais jamais ennuyeux car le film est constamment inattendu. Impossible de prévoir la réaction des personnages.
Et si l'interprétation est d'une grande qualité, Mastroianni est, lui, absolument exceptionnel. Toujours imprévisible, tour à tour farfelu ou triste mais dégageant constamment une grande classe, à la fois séducteur raffiné ou vieil obsédé sexuel, il tient là un des meilleurs rôles (LE meilleur rôle ? je ne suis pas loin de le penser, en effet) de sa pourtant prolifique carrière. L'acteur recevra à Cannes un prix d'interprétation masculine absolument incontestable. A lui seul, il nous donne un spectacle exceptionnel et justifie de voir ce grand film.