Quand Michel Drach parvient à concrétiser Les violons du bal, il s'est é au moins 20 ans. 20 ans à tourner divers métrages, dont Elise ou la vraie vie (1970) qui n'a pas plu à tout le monde (la Guerre d'Algérie tout ça, tout ça). 20 ans à chercher un producteur. Il va mettre tout cela à l'intérieur des Violons du bal : la mise en abyme de Drach essayant de faire un film sur son enfance durant l'Occupation et son départ vers Vichy avec sa mère (changez ici par la Suisse).
Le réalisateur apparaît même durant un temps, avant d'être remplacé par Jean-Louis Trintignant car plus bankable. Drach évoque petit à petit ce qu'on a pu lui dire par le é à propos de son projet. Un enfant pour héros ? Non. L'histoire d'un enfant juif en pleine guerre ? Encore moins. Pas de sexe, ni de morts ? Hors de question ! A travers ces ages, le réalisateur montre toute la bassesse du milieu de l'époque, avide de violence, de sexe et en soi plein d'ignorance. Pourtant à bien y regarder, le cinéma français n'a pas manqué de films mettant en scène des enfants comme héros principaux en 20 ans (cf Jeux interdits de René Clément, 1952).
L'ironie veut que contrairement à ce que beaucoup de réalisateurs font en général, c'est les parties dans le présent qui sont filmées en noir et blanc. Ici la couleur est réservée à l'enfance fantasmée ou pas du réalisateur. Un portrait de famille où il évoque sa grand-mère, ses parents, sa sœur et son frère et qui se transforme en expérience familiale, puisque le réalisateur est incarné enfant par son propre fils et sa femme Marie-José Nat joue le rôle de sa mère.
A travers deux récits qui s'imbriquent, Drach montre des combats pas si éloignés : celui de survivre face à l'oppression et celui d'imposer ses idées face à une autre forme d'oppression. Comme une même chose qui se répète encore et encore et qui se confirme également par l'aide de Drach, enfin de Trintignant, envers un jeune homme en fuite (Christian Rist). Ce qui paraît comme un cheminement logique, lui-même ayant été aidé dans sa fuite (même si c'étaient des crapules si l'on se fit au film).
Michel Drach signe un superbe film sur le travail de mémoire et la création, où Marie-José Nat apparaît fantastique (Prix d'interprétation à Cannes plus que mérité). Un des producteurs dit durant le film que le film ne marchera pas. Il fera 1,4 million d'entrées.