La Nature s'éveille et frissonne sous la rosée du printemps. Les premiers rayons du soleil la réchauffent. Mais la forêt, elle, déborde déjà de vie et d'activité. Le hérisson part en vadrouille sous les yeux du merle qui chante. L'écureuil s'illustre dans l'art de la varappe. Le sanglier retourne la terre de son museau et se roule dans la boue. La louve, elle, est déjà en chasse. Elle est accompagnée de ses louveteaux qui jouent et qui chahutent alors qu'au loin, les grondements de deux ours résonnent. A la faveur de quelques gouttes d'une pluie bienfaitrice, les escargots, les grenouilles et les salamandres sortent.
Même spectacle au fil des saisons et du temps qui e, dénué de la voix off envahissante habituelle qui infantilise. Les jolies images s'enchaînent dans un ravissement permanent, souligné par des commentaires très épars, laissant le brâme du cerf se fait entendre, tandis que le lynx joue au funambule en quête d'une proie à se mettre sous la dent et que les oisillons se jettent hors du nid. Instantanés d'une vie sauvage souveraine, d'une faune européenne étonnament commune mais retrouvée, d'un écosystème forestier encore inviolé.
Enfin, jusqu'à ce que l'homme, qui se sent déjà à l'étroit, commence à exploiter son environnement. La forêt recule et les animaux sont repoussés. Avant que leur territoire ne soit morcelé, les arbres mis à terre, les loups et les ours chassés. Les autres ne sont qu'utiles, déclarés nuisibles, ou encore victimes de la superstition. La bêtise, comme la prairie, ne cesse d'avancer et de manger l'espace vital. Et ce que l'homme a reçu, l'homme le détruit ou le réaménage pour son bon plaisir : de tristes forêts aux arbres désespérément alignés, mis en coupe réglée, les bombes, les pollutions insecticides, tout est bon pour assurer la mainmise humaine sur l'environnement.
Les Saisons, c'est le nouvel appel de Jacques Perrin au respect d'une nature qu'on étrangle et qu'on refaçonne de manière artificielle. Une nature défigurée par l'activité humaine déraisonnée et égoïste. Si la première partie est superbe, l'apparition de l'homme dérègle l'oeuvre, juste reflet de son action. Si Jacques Perrin dénonce, dommage cependant qu'il ne le fasse pas avec plus de force, qu'il ne parle pas, par exemple, de l'exploitation touristique sans limite de la montagne, des débordements constants du pastoralisme "traditionnel" ou encore de la protection du loup par l'Union Européenne alors que la à permis, encore récemment, que l'on dégomme trente têtes supplémentaires.
Non, Jacques préfère rester optimiste et fonder ses espoirs sur la nouvelle génération en fixant sa caméra sur les grands yeux émerveillés d'une jeune fille qui assiste à la naissance d'un faon. Parce qu'il n'est pas trop tard, selon lui, pour le "vivrensemble" avec la nature.
Mince espoir...
Behind_the_Mask, éco-warrior.