Les Randonneurs à Saint-Tropez par pierrick_D_

Un groupe d'amis parisiens e tous les ans des vacances en commun.Il y a Cora,Nadine et les frères Lacaze,Louis et Mathieu.Ils ont cette année jeté leur dévolu sur Saint-Trop et ont la surprise d'y retrouver Eric,un ex de Nadine qui leur avait servi de guide dix ans plus tôt lors d'une rando à travers la Corse sur le GR 20.Le gars s'est reconverti avec succès dans la vente de bateaux,en tant qu'intermédiaire.Il parait plein aux as et ouvre au quatuor de potes les portes de la jet-set et des folles nuits tropéziennes.Neuf ans après le carton des "Randonneurs",le réalisateur-scénariste-comédien Philippe Harel dégaine une de ces suites tardives qui fleurissent dans le cinéma français.Il a coécrit avec sa compagne Sylvie Bourgeois et l'excellent Eric Assous le script de cette comédie qui s'est fait démonter par la critique et fut un échec public qui semble avoir stoppé la carrière de cinéaste d'Harel,dont c'est le dernier ouvrage en date derrière la caméra.C'est assez injuste dans la mesure où le film,loin d'être génial,est cependant assez recommandable et pas inférieur à un premier opus de toute façon surestimé."Les randonneurs" aurait pu s'intituler "Les raisonneurs" car l'oeuvre n'était pas dépourvue d'une certaine prétention moraliste et glosait volontiers sur les mentalités modernes et les difficiles rapports hommes-femmes en oubliant d'être drôle,ce qui est gênant pour une supposée comédie.Rien de tout ça ici,les auteurs font fi de la prise de tête et livrent une farce ensoleillée et décontractée portée par un humour efficace,dans la droite ligne du genre "film de vacances".Harel va droit au but et gère intelligemment le rythme,évitant à la fois hystérie et lenteur,calibrant parfaitement la longueur des scènes tout en traitant équitablement les différents personnages.Les vannes acides fusent,illustrant les aléas de l'amitié,et ces quadras sont bien assaisonnés tout en restant sympathiques.Le coincé Louis,toujours grognon,l'abruti Mathieu,que tout enthousiasme,la gentille Nadine,championne des histoires d'amour foireuses,et la frustrée Cora,mariée mais aux tendances nymphos,enchaînent souplement aventures,mésaventures et rencontres diverses et improbables sous le soleil de Provence et la houlette d'Eric,grande gueule et flamboyant,qui reprend en quelque sorte son rôle de guide.On égratigne au age la futilité et la déconnexion d'un milieu frelaté de riches,vrais ou faux,se roulant dans le luxe,la fête et la frime.Comme souvent ça se délite vers la fin,l'éternel problème des auteurs qui ne tiennent pas la distance et négligent de développer certains arcs narratifs,mais l'ensemble s'avère très correct et fait er un agréable moment,grâce aussi à une troupe de comédiens au top.Toute la bande de 97 a rempilé,avec en figure de proue l'extraordinaire Benoît Poelvoorde qui nous régale d'un de ces numéros extravagants dont il a le secret en demi-sel volubile,une performance énorme qui vaut à elle seule le déplacement.Mais les autres ne déméritent pas avec un Harel plein de finesse en rabat-joie gagné peu à peu par l'ambiance émolliente,un Vincent Elbaz impérial en crétin se précipitant dès qu'une connerie est à sa portée,une Karin Viard déchaînée en épouse insatisfaite qui se lâche total et une Géraldine Pailhas qui,malgré son personnage un peu en retrait,apporte charme et un zeste de gravité à sa recalée de l'amour.Beaucoup de très bons acteurs les entourent avec de fortes personnalités.Il y a Cyrielle Clair,rare au ciné et encore charmante,Philippe Caroit en businessman désabusé,Marc Rioufol,le frère camé du journaliste Ivan Rioufol,en richard à l'ouest,les corses Eric Fraticelli et Jean-Philippe Ricci en voyous marseillais ou encore l'insolite Jean-Baptiste Iera,dit Gio Iera,un coureur cycliste amateur de bon niveau qui avait été révélé en 2001 dans "Le vélo de Ghislain Lambert",réalisé par Harel avec Poelvoorde en vedette,qui joue ici un faux play-boy italien caricatural avec un évident talent d'acteur instantané.Seule fausse note,la présence de Sacha Bourdo qui en fait comme d'habitude 10000 fois trop en domestique sud-américain martyrisé.