Arrêtez-moi si vous avez déjà entendu le pitch suivant. Un écrivain ayant connu un énorme succès par le é, tombe la tête la première dans l'anonymat le plus complet, mais récupère son mojo de manière inattendue lorsqu’il se lie d’amitié (et tombe amoureux) d’une femme qui le fait sortir de sa zone de confort. Ce n’est pas seulement l’intrigue du Come Back, un film réalisé il y a sept ans, écrit et réalisé par Marc Lawrence et mettant en vedette Hugh Grant. C’est aussi l’intrigue des Mots pour lui dire, un film réalisé sept ans plus tard, écrit et réalisé par Marc Lawrence et mettant en vedette Hugh Grant.
Dans Les Mots pour lui dire, Hugh Grant incarne donc un scénariste hollywoodien sur la pente descendante, qui accepte un emploi temporaire d'enseignant. Il devra enseigner un cours de réécriture de scénario (d'où le titre du film en VO The Rewrite) loin de chez lui, à l’Université d’État de New York, Binghamtom. Il ne nourrit aucun intérêt pour l’enseignement ou pour la littérature. Il croit que le talent ne s'apprend pas et donc ne s'enseigne pas. Il traite donc sa classe de la manière la plus cavalière. Ainsi, pour sélectionner les dix étudiants dont il surveillera la rédaction du premier manuscrit, il choisit toutes les plus belles jeunes filles du groupe, à l’exception de deux gars qui ont l’air de deux parfaits loosers.
Hugh Grant fait du Hugh Grant et il le fait tellement bien. Son style est inimitable, avec son regard tendre et sa charmante maladresse. Il a réussi à forger à lui seul l'image de l'Anglais adorable des comédies romantiques, éternel célibataire maladroit, mais si charmant. Dans Les Mots pour lui dire, il se saoul lors da la première journée d'inauguration à l'université et insulte la professeur Weldon (Allison Janney), qui enseigne les ouvrages de Jane Austen et qui dirige le comité d’éthique. Il la confronte en affirmant que Jane Austen et toutes ses semblables, c'est beaucoup de balivernes tout ça. On ne peut pas dire qu'il part du meilleur pied et ça ne s'arrange pas quand elle découvre qu'il couche avec l’une de ses plus belles élèves Karen (Bella Heathcote).
L'acte un du film voit Hugh Grant débarquer à l'Université de Binghamtom. Lors de la première heure de cours, qui dure moins de cinq minutes, il dit poliment mais fermement à toute la classe stupéfaite, que leur première tâche sera d’écrire le premier acte de leur premier manuscrit et qu’ils se retrouveront dans un mois pour examiner le résultat. J’ai trouvé la première moitié du film assez réussi. C'est drôle et avec les personnages secondaires qui apportent une vraie valeur ajoutée au film, grâce notamment à un ensemble d'acteurs très talentueux, à commencer par J. K. Simmons, l’istrateur de l'université. Pour son grand malheur, toute sa famille est devenue végétalienne (lui qui est un viandard absolu). Allison Janney elle aussi arrive à titrer son épingle du jeu, toujours aussi drôle et charismatique, bien que pas assez mise en avant à mon goût.
Ensuite, l’acte deux s'ouvre et c'est là que les ennuis commencent. Le film ne sait plus où aller et on s'ennuie terriblement. Le personnage interprété par la ravissante Marisa Tomei, fait son entrée dans le film comme élève du cours donné par Hugh Grant. Sa seule fonction semble être de fournir à Hugh Grant une vision moins cynique de la vie. Alors ça pourrait être mignon tout plein tout ça, mais en fait on y croit pas du tout ... c'est plus niais, que touchant. En effet, on a bien du mal à y croire à ce virage scénaristique, qui voit Hugh Grant se transformer du pure égoïste imbu de sa personne, en la personne à l'écoute et si compatissante. Il apprend de ses élèves et se consacre sérieusement à leur enseigner l'art d'écrire un scénario. Il abandonne son agent hollywoodien et ret la communauté de Binghamtom, ayant appris qu’un bon cœur mène à la sagesse et à Marisa Tomei. Dans le premier acte du film, il se moque du Cercle des poètes disparus, pour ensuite reproduire exactement la même chose dans l'acte deux.
Trop de comédies romantiques ont bien du mal à mêler avec succès humour cynique et romance, mais certaines (trop peu nombreuses) y arrivent malgré tout. Un jour sans fin ou Quand Harry rencontre Sally en sont deux parfaits exemples, deux comédies romantiques à la fois drôles et touchantes. Même Le Come Back y arrive, chose que Les Mots pour lui dire n'arrive pas à reproduire malheureusement.