Voilà typiquement un premier film où le réalisateur déborde d’idées, voulant innover à tout prix et montrer son talent (cf. la première scène, gratuite, dans une boite de nuit avec effet stroboscopique). Raté ! D’abord, le scénario (pourtant écrit avec Isabelle Peña, scénariste habituelle de Rodrigo Sorogoyen) tient sur un timbre-poste : l’histoire se concentre sur 3 femmes, en Espagne et en Argentine (La Plata) : Andrea, adoptée à Buenos Aires par un couple espagnol, sa mère biologique, Marie Montand (Mathilde Ollivier, 31 ans), française vivant à La Plata, et Camila, étudiante en cinéma à La Plata. Elles sont confrontées à un être maléfique au don d’ubiquité, un vieil homme chauve, tueur de femmes, visible uniquement sur un écran de smartphone ou de caméscope. C’est tout et cela dure 1h47 ! On peut supposer que le réalisateur a voulu dénoncer, de façon métaphorique, la toxicité masculine et la difficulté des femmes à se faire entendre mais la narration est tellement confuse (aggravée par des flash-backs en 1998) qu’elle dessert son propos d’actualité. Cela évoque « It follows » (2014) de David Robert Mitchell, très surestimé, métaphore plate et potache sur le SIDA et les relations sexuelles des adolescents. Sans compter les incohérences telles que l’assassinat, en Australie, de Pau, fiancé d’Andréa par le tueur de femmes (pourquoi lui ?). Le titre original (les pleurs) est plus fidèle à l’histoire (les 3 personnages féminins entendent des pleurs dans un immeuble désaffecté) que le titre français [malédiction un peu floue, peut être familiale, très loin du film (1976) de Richard Donner, « La malédiction » qui avait plus de « gueule » avec présence de l’Antéchrist et la musique de Jerry Goldsmith qui avait composé une messe en latin à la gloire de Satan et qui obtint l’Oscar de la meilleure musique pour ce film en 1977]. Les amateurs de films de genre seront déçus, en l’absence de scènes vraiment horrifiques, et la musique, avec des chants extradiégétiques, du pourtant excellent Olivier Arson (45 ans), compositeur français fidèle de Rodrigo Sorogoyen (4 collaborations), est plus agaçante qu’angoissante.