C’est un film cliché sur l'attaque terroriste d’un commando qui finira par être maîtrisée par un service spécial du gouvernement anglais.
Andrew V. McLaglen, fils de Victor (grand second rôle chez John Ford), est un réalisateur qui a fait des westerns dans un style inspiré de John Ford, avec John Wayne ou James Stewart, avec quelquefois de l'ambition morale ou historique dans quelques opus, et surtout un souci de divertir ou de faire rire dans les films d'action, et pour ça il a une originalité impertinente bien à lui.
Là, on est déjà assez tard dans sa carrière, on est en 1979, il a moins de punch.
On peut déjà voir le film si, comme moi, on veut savoir ce que sont devenus en 1979 plusieurs acteurs qu’on appréciait auparavant pour leur jeu ou pour leur charisme.
L’élégant James Mason a 81 ans (c’est 3 ans avant sa mort) : son visage est celui d’un vieillard avec des plaques d’erythrose, il n’arrive même pas à sourire ni à exprimer une émotion, ni le moindre intérêt pour le film.
Anthony Perkins qui a toujours eu depuis Psychose l’air d'un jeune à l'allure inquiétante quel que soit le film qu’il tourne, est ici un homme fait, et on veut lui donner cette fois l’air d’un allemand froid et impitoyable, un genre de gestapiste, ou alors un ex de la bande à Baader (quoiqu’il se dise mû par l’argent). Trop longtemps dans ce film, pour donner cette image, il arbore un rictus traversé par de brusques aboiements.
Mais il nous offre un moment superbe quand il dit à Roger Moore dès qu’il l’aperçoit : « Toi, je n’aime pas ta tête, tu dois repartir sur le champ ! » foutant en l’air le plan initial des antiterroristes. Ce truc irrationnel devient une blague récurrente : il le lui refait plus tard au téléphone, et puis encore à la fin, juste avant d’expirer.
Mais c'est Roger Moore qui est vraiment réjouissant : c'est une sorte de James Bond qui exercerait dans le privé, alcoolique et emmerdeur antitabac, misogyne et amateur de chats. "C’est une espèce bien supérieure" (aux femmes), conclut-il en expliquant avoir grandi aux milieu de soeurs qui l'habillaient avec leurs vieilles vêtures. Et il recevra à la fin en guise de décoration trois chatons de Miss Maggie en personne.
Moore tournera encore quatre James Bond après ce film qui prend le contre-pied de l'icône.
Dans le film, c’est une jeune femme, une "anti James Bond girl" qui le sauve, et sauve ainsi toute la mission. A cause de cette capacité révélée dans l'action, il la considère mordicus - non pas comme un garçon manqué, ce qui déjà aurait été très bête - mais comme un garçon camouflé en fille : un déni et une aberration.
Il y a donc cet intérêt pour les acteurs cités, lié à notre âge et peut-être sans intérêt pour les nouvelles générations, mais on peut aussi noter du bon cinema visuel, avec quelques très beaux plans : ceux des plate-formes pétrolières de la mer du Nord menacées. Il y a Ruth (la petite) et Jennifer (la grande), très belles dans la lumière du jour ou dans la nuit, surtout avec un hélicoptère à l’approche ou avec d’autres combinaisons plus insolites, ou encore les plans du bateau jaune de livraison, Esther, qui a aussi une forme bien bizarre.
(Note de 2018 publiée en nov. 2024)