A-t-on définitivement perdu le grand David Cronenberg? À y regarder de plus près au sein de sa filmographie, il semblerait que oui tant ses années de gloire (et surtout de bons films) semblent loin derrière lui. Et ce n’est pas ce triste et monotone « Les Linceuls » qui va contredire cette impression. C’est simple, depuis son doublé magnifique « Les Promesses de l’ombre » et « History of Violence » il y a près de quinze ans, le cinéaste n’a pas livré de très grand film, de chef-d’oeuvre. Si certains ont pu apprécier son film sur la psychanalyse « A dangerous method » (raté et ennuyant pour nous) et que son avant-dernier « Les Crimes du futur » étaient assez réussi mais quand même oubliable, on a eu depuis le clivant et très moyen « Map to the Stars » et surtout l’horripilant et bavard « Cosmopolis ». Heureusement, ces deux derniers avaient pour eux les prestations indéniablement bonnes de leurs acteurs principaux; Julianne Moore (qui a eu le prix d’interprétation à Cannes pour le rôle) dans le premier et Robert Pattinson dans le second étaient en effet incroyables dans des films qui ne leur rendaient malheureusement pas honneur. On se demande d’ailleurs si l’ADN et le patte Cronenberg ne sont désormais pas à chercher du côté de sa talentueuse progéniture. En effet, son fils Brandon nous a offert les intéressants et très ressemblants aux anciens films de son patriarche « Infinity Pool » et « Possessor » tandis que l’an é sa fille nous proposait son ludique, très cool et polémique « Humane ». Si le age de flambeau se perpétue de la sorte, on dit oui comparé à l’ennui poli provoqué par « Les Linceuls ».
On ne pourra nier que le maître du body horror n’a pas son pareil pour nous pondre des pitch complètement tarabiscotés et alléchants dont lui seul a le secret. Son histoire de pompes funèbres futuriste était très prometteuse, il faut l’avouer. Et d’ailleurs, hormis le diptyque magistral cité plus haut avec Viggo Mortensen, on lui préfère clairement sa veine anticipation et science-fiction que celle de ses œuvres plus réalistes. « Les Linceuls » est entre les deux. Se déroulant dans un futur très proche, il ne vire jamais vers le body horror que son sujet promettait et sa veine réaliste est aussi triste et désincarnée que les cadavres et les morts illustrant son sujet. Si l’intrigue est intéressante au début mêlant complots industriels, paranoïa et mystère scientifique, elle est engluée dans des dialogues interminables et pas toujours intéressants. En outre, notons que le film est long et que le rythme est languissant au possible, il va sans dire qu’il faut donc éviter d’aller voir ce type de film à la dernière séance ou après la digestion. La mise en scène de Cronenberg est toujours assurée et de bon goût même si elle est d’une froideur clinique qui rend « Les Linceuls » encore plus mal aimable. Et si le film invoque des sujets et thèmes intéressants, ils sont survolés au profit d’un suspense pourtant peu convaincant. Un suspense qui semblait d’ailleurs se clore de manière intéressante mais qui finalement se vautre dans une fin sibylline et aussi peu convaincante que l’est ce nouvel opus du maître canadien. Et, au final, on ne sait pas trop ce qu’il a voulu nous dire avec ce film morbide et terne alors peut-être qu’il est temps de prendre une retraite bien méritée!
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