Chers lecteurs et chères lectrices, ces quelques lignes sont écrites par quelqu'un qui n'a pas lu le roman sur lequel s'appuie ce film. Pour moi, cela n'a pas vraiment d'importance, du reste. D'une part parce que j'ai constaté au travers des avis publiés par les internautes cinéphiles que la qualité d'adaptation est jugée médiocre par les uns, et quasi parfaite par les autres ; chacun sait combien il est difficile de retranscrire tous les détails d'un roman, à plus forte raison quand il est excellent. Et je ne parle même pas de la sensibilité du lecteur, ni de son imagination qui joue(nt) sur sa propre interprétation. D'autre part, j'ai pris une superbe claque visuelle par la mise en scène fastueuse de Stephen Frears, par les décors et costumes sublimes, et une magnifique claque auditive grâce à la langue de Molière, d'autant que j'y ai trouvé un écho personnel retranscrit à ma manière plus bas, au prix d'une multitude de morceaux détournés.
Alors ok, je vois déjà sursauter quelques-uns d'entre vous en lisant "langue de Molière", étant donné que ce film a la double nationalité américano-britannique. Mais c'est aussi oublier que les français occupent une belle part dans l'équipe technique : photographie, direction artistique, casting et peut-être même davantage (je n'ai pas toutes les données). Pourquoi une si grande présence en ces postes clés ? Sans doute parce que l'histoire se situant en à la fin du XVIIIème siècle, il fallait un rendu le plus proche possible de ce qu'a été le monde aristocratique de la d'antan. En tout cas, la production a eu le bon goût de tourner ce film intégralement en dans divers châteaux d'Ile de . Quoi qu'il en soit, j'ai pris mon pied visuellement et auditivement parlant, je pense que vous l'aurez compris. Et je ne parle même des interprétations magistrales des principaux acteurs qui constituent un casting 5 étoiles même si, à mon sens, quelques points auraient pu être améliorés. Et tout cela balancé sur une bande originale de George Fenton avec les musiques additionnelles De Bach, Vivaldi et Händel.
Par ce film, c'est aussi l'occasion de constater que perfidies, manipulations, malversations font déjà partie des us et coutumes des hautes sphères de la société française. Et en effet, qu'est-ce qui fait tourner le monde depuis la nuit des temps ? L'argent et le... cul, du moins dès lors qu'on peut y trouver profit. Et ça dure encore... même si ça a évolué au fil du temps.
Bref, comme l'a si bien dit un de mes plus fervents éclaireurs, Ugly, les dialogues sont d'une incroyable richesse (sa critique ici : https://senscritique.voiranime.info/film/les_liaisons_dangereuses/critique/122227081). Mais si je viens à parler des dialogues, c'est parce que je vais me livrer à un exercice que vous n'attendez pas. En effet, j'ai remarqué que les mêmes mots, selon le contexte, selon comment ils sont dits, selon l'expression corporelle, peuvent prendre un tout autre sens, voire même carrément opposés à celui que leur donne le film. Attention, je ne remets pas du tout en cause le sens du film, ce qui aurait constitué une grave insulte à l’œuvre originelle si le sens du film était tombé dans ce travers. Et puis surtout, ces mots, ce vocabulaire avaient un sens. On savait dire en plusieurs lignes ce que nous savons dire en quelques mots aujourd'hui, et encore ça reste à prouver car force est de constater que concernant les sentiments, on ne sait plus exprimer grand chose. Et que dire de l'évolution de la langue française ? Aujourd'hui, on ne dit plus j'aime, on dit je kiffe. Hum ! Pauvre Molière... Enfin bon, c'est une langue vivante, à ce qu'on dit...
Contrairement à mon habitude, je ne parlerai plus plus du film non plus : pas parce que je n'ai rien à dire dessus, mais pour deux raisons : d'abord parce que d'autres l'ont très bien fait (Foxanzu : https://senscritique.voiranime.info/film/les_liaisons_dangereuses/critique/11572047), ensuite parce que je pars totalement sur autre chose.
Je me suis donc évertué à récupérer un certain nombre de répliques pour vous prouver que les mêmes paroles prononcées dans ce film peuvent prendre un tout autre sens. Profitant de l'occasion pour dédier le texte à vous devinerez aisément qui, voici donc ce que j'ai fait de quelques répliques glanées ici et là :
"J'ose croire que vous avez bien dormi Madame, puissé-je en dire autant. Car ce que vous allez lire risque fort de vous émouvoir jusqu'au plus profond de votre âme...
"Enfin je me retrouve ! Enfin je VOUS retrouve ! Où étiez-vous ? Où étais-je ? Le temps perd toute logique quand vous êtes loin. Une heure paraît un siècle. Ceci est un hommage à la seule et unique influence qui règne sur ma vie : la vôtre... Voyez quelle faiblesse est la mienne : je m'étais promis de ne jamais vous avouer ce secret si lourd. Et il suffit que je regarde vos yeux pour que cet amour déborde de tout mon être. Non, plus que de l'amour, c'est de l'adoration. Oh ! par pitié, aidez-moi !
"J'ai attendu si longtemps et je me suis affolé. Je m'étais même persuadé que jamais plus je ne vous reverrai. Mais à présent, vous êtes là, et mon amour ne cesse de grandir, ce qui me permet de vivre ma plus grande gloire. Vous seule pouvez m'en guérir, ce que je ne savais point à l'époque. Et à mes dépens, vous voilà profondément ancrée dans mon cœur, mon esprit et mes entrailles. Oh oui ! je vous aime tant !
"Le monde est bien insipide sans votre présence, et j'y mène la vie d'un ermite médiéval. Vous êtes pour moi une dame de grande condition ! Et quel beau pupitre vous me faites ! Chacune de nos rencontres me ravit toujours un peu plus... Accordez-moi la grâce de m'écouter : je ne croyais plus possible pour moi d'aimer si fort, et votre jalousie... Oh je vous aime tant ! J'ai encore de l'amour dans le cœur. Je me crus pratiquement comme étant l'empereur des sots.
"Je ne saurai expliquer par quelle aberration je vous ai offensée. Mon existence a perdu sa raison d'être. J'ai plongé l'épée encore plus loin que ce que j'aurai pensé. Aidez-moi à ôter cette lame de mon cœur. Votre amour est le seul bonheur que j'ai connu en ce bas-monde.
"Vous êtes donc tant fâchée contre moi ? Je n'ai rien à vous offrir Madame, sinon que de l'amour ! Si je n'acceptais plus que votre amitié, n'aurais-je pas été bien malhonnête ? L'homme que j'étais à un moment se fut félicité d'avoir votre amitié, et eut aussitôt peut-être pensé à la tourner peut-être de nouveau à son avantage, mais je suis redevenu l'être que vous avez connu autrefois. Je ne saurai vous mentir quant à l'amour que je ressens, un amour si brûlant... et cependant respectueux... Ainsi donc comment pourrai-je le rabaisser à un piètre simulacre d'amitié ? Alors pourquoi vous acharnez-vous à affliger mon esprit ? Quel tort est le vôtre d'avoir si peur de moi, Madame ? Ce qui m'importe n'est nullement mon bonheur mais d'abord le vôtre. Quand je parle d'amour, voilà ce que j'essaie de vous dire.
"Bien chère Madame, si j'avais joui plus tôt de vos bons conseils, la tempête qui vient de m'assaillir aurait fait naître une bien belle question : qu'attend mon cœur ?
" Certes j'ai conscience de votre beauté, mais à la vérité, l'état où je suis depuis toujours est sans relation avec votre beauté. Oui, celle-là que vous vous évertuez à dénigrer. A mesure que je vous connaissais mieux, j'ai bien vu que la beauté était la moindre de vos qualités. Mais je dois vous avouer que j'ai été d'abord fasciné par votre beauté et par... votre vertu. Voilà ce qui m'attirait. Mais je ne sais pas ce qu'il se ait en moi. C'est seulement en ressentant les feux d'une souf aiguë physique et mentale aussi douce soit-elle chaque fois que vous arriviez en pièce, que la lumière s'est faite en moi. Je vous aimais et savais que c'était sans espoir, mais cela ne m'importait guère. Je n'ai jamais cherché à vous séduire, pas plus qu'aujourd'hui, non je ne veux qu'une chose : c'est de vous mériter.
"La table sur laquelle j'écris est aujourd'hui encore mouillée par l'émotion que j'éprouve. Cependant, malgré les tourments du délire qui dévorent mes sens et qui m'empêchent de fermer l’œil, je vous assure que dans ce moment je suis mille fois plus heureux que vous.
"Oui mes nuits sont parfois bien blanches car il est une chose qui me hante : c'est la peur de ne point vous retrouver, une peur accompagnée par un sentiment de honte. Mais la honte est comme la douleur... on ne l'éprouve qu'une fois. Cependant voulez-vous vraiment un conseil ? Vous en avez tant besoin... Tout simplement cessez de larmoyer sur le é, et agissez de la manière qu'il vous siéra dans le présent en profitant au mieux de l'instant vécu. Je me fie à votre intégrité, à votre générosité, et je ne veux de votre reconnaissance. Mais ce que j'attends de vous est une émotion d'une toute autre ampleur. Mais je sais que Dieu punit cet amour-propre qui m'a donné à croire que rien de tel n'arriverait. Rien de tel que quoi ? L'amour ? Oui, je comprends, naturellement, mais je dois, je veux vous aimer mais je ne vous force pas à dire vos tracas et craintes.
"Ne parlez pas mais regardez-moi. Je voudrais que vous me connaissiez assez pour voir à quel point vous m'avez transformé. Il me semble être devenu délicat, consciencieux, charitable, plus célibataire qu'un moine. Je sens bien que vous êtes au bord de la reddition, vos yeux se ferment...
"Tous ces mots vous semblent peut-être de bien belles paroles car bon nombre d'hommes sont incapables d'aimer comme vous les femmes, car ces messieurs jouissent du bonheur qu'ils reçoivent, tandis que ces dames ne jouissent que du bonheur qu'elles offrent... Ils sont souvent incapables de consacrer leur amour et leurs soins exclusifs à une seule personne. Aussi rêver d'être comblée par l'amour ma Chère, n'est souvent qu'une illusion et ne cause que des soufs, et pourtant...
"Je sens en vous comme une retenue... comme une sorte de fuite... Qu'est-ce qui peut expliquer que les seules qu'on veuille pourchasser sont celles qui s'enfuient ? Je n'aurai pas un instant de paix tant que je n'aurai pas triomphé. Je vous aime, je vous hais, mon existence est infernale. Mais me voici aussi heureux que vous pouviez le souhaiter Madame, et je ne vous souhaite également que le bonheur. Je vous aime trop, oh jamais vous ne saurez combien je vous aime... j'ai jadis consenti à des sacrifices bien plus difficiles.
"Pourquoi semblez-vous si blessée à l'idée de faire de moi un homme heureux ? Alors que ma vie entière dépend de votre bonheur alors adieu aux refus et aux regrets. Mon amour pour vous est sans précédent, d'un charme secret que je serai en peine de retrouver jamais. Une expérience unique. Dès votre capitulation, vous vous conduisez avec une parfaite candeur. Un délire mutuel nous anime, une ivresse qui survit au plaisir de la chair. Votre personne me bouleverse, tellement qu'aujourd'hui je tombe à vos genoux pour vous jurer amour unique et éternel.
"Auriez-vous oublié le plaisir de faire le bonheur de votre cont ? Et d'éprouver du bonheur avec lui ? Il fut une époque où nous nous aimions... C'était de l'amour, n'est-ce pas ? Et vous me l'avez donné ce bonheur, et j'en ai encore à donner. Le lien s'était dénoué, presque brisé, mais préférence j'ai donné à le renforcer : les illusions sont bien sûres de par leur nature si belle... pour ma part je n'ai plus d'illusions, elles ont coulé au fil des semaines et des mois : me voilà désormais plein de certitudes. Quant à cette ion qui m'a assailli, elle brille ardemment de mille feux, et là... je ne peux pas lutter. Ce n'est pas ma faute.
"Tous les jours ou presque nous allons en promenade, chaque fois un peu plus loin sur ce chemin qui ne tourne jamais. Vous avez accepté mon amour, j'ai accepté le vôtre, mais nous savons l'un comme l'autre combien leur robustesse est fragile. Mais je ne souhaite qu'une chose : c'est que ce chemin continue sur cette voie rectiligne, sans aucune possibilité de se détourner.
"Je crois que personne ne saurait faire cette éloge à propos d'un homme comme moi, ni même d'une femme comme vous."
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, du moins pour ceux qui en auront eu le courage.