C'est un film qui rejette toute forme de sensationnalisme et d'effets pour se focaliser exclusivement sur la psychologie de ses personnages. On imagine l'horreur vécue par les victimes du régime criminel syrien qu'à travers une courte introduction qui montre des hommes fantomatiques lâchés dans le désert, l'écoute de témoignages audios sur les tortures, les images d'un jeu de guerre en ligne, mais rien d'autre. Toute l'horreur est hors champ, on n'en voit à l'écran que les conséquences psychologiques terribles sur des personnes à jamais brisées qui sont dans l'incapacité de se reconstruire, et qui espèrent uniquement obtenir une forme de justice. C'est donc un film fondamentalement anti spectaculaire, donc très morne et lent qui pourrait rebuter. C'est un choix radical risqué mais globalement réussi, "Les fantômes" arrive à ne pas être lassant bien qu'il soit répétitif dans sa narration, à installer une ambiance lourde constante, sans toutefois parvenir à sublimer son concept. Il délivre aussi un message rare et éclairant sur le vécu des populations victimes de guerres et d'horreurs commissent par des régimes criminels, et sur les motivations de ces migrants qu'on rejette.